Un monde sans plastique à portée de main

China Daily | 2025-08-05 10:30
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Vélos en bambou faits main par Ren Yao. FOURNI AU CHINA DAILY

En réinventant les matériaux abandonnés au profit d’une conception durable, des patrons mènent la charge contre la pollution plastique.

Cette année, la Journée mondiale de l’environnement (le 5 juin) a braqué les projecteurs sur l’objectif de mettre fin à la pollution plastique. En Chine, un groupe de jeunes responsables d’entreprises répond à cet appel – en transformant des matériaux abandonnés tels que les bouteilles en plastique, les filets de pêche et les pneus de vélo en produits recherchés et fonctionnels, ouvrant ainsi la voie à un avenir sans plastique. Quand elle voit des pneus de bicyclette jetés, Gao Chao, une habitante de Shenzhen dans la province du Guangdong, voit aussi un potentiel. Fondatrice de la marque UOOSEE, elle a noué des partenariats avec près de 2 000 magasins de vélo dans tout le pays pour recycler plus de 3 000 pneus chaque mois. Les pneus couverts de boue sont nettoyés, découpés et cousus – sans processus chimique – pour en faire des sacs à dos robustes et imperméables dont la durabilité et le style séduisent les jeunes consommateurs. De son côté, la société HowBottle procède différemment – en transformant les bouteilles de boissons et les filets de pêche en matière plastique recyclée pour en faire des sacs, des chapeaux, voire des lunettes.

« En eux-mêmes, les matériaux ne sont pas intrinsèquement coupables », dit la fondatrice Lun Jiayu (Supa), qui réside à Foshan dans la province du Guangdong. « Si le plastique peut être recyclé ou conservé dans la société humaine plutôt que de finir dans la nature, il a encore de la valeur ». Le bambou offre une autre solution. La marque AbuSolutely, fondée en 2011 par Ren Yao, un habitant de Chengdu dans la province du Sichuan, fabrique des vélos de bambou à la fois légers et durables. « C’est une photo de cycle de bambou datant d’il y a un siècle en Grande-Bretagne qui m’a inspirée », indique M. Ren.

Sacs UOOSEE faits de pneus de vélo jetés, ou la transformation de déchets en mode durable. FOURNI AU CHINA DAILY

Après des années de recherche et de développement, les vélos en bambou d’AbuSolutely ont obtenu leur certification du secteur des cycles de l’Union européenne. « Avec le même poids, la fibre de bambou peut supporter trois fois la charge de l’acier », affirme M. Ren. « Sa résistance et sa capacité d’absorption des chocs sont idéales pour les vélos ». Pour autant, les produits verts font encore l’objet de critiques, certains les jugeant trop chers et peu séduisants en raison de l’étiquette « prime écolo ». Mme Supa explique que les prix élevés reflètent le coût des pratiques durables, notamment la gestion stricte des déchets et les emballages biodégradables. Compte tenu que les entreprises adoptent en plus grand nombre des pratiques respectueuses de l’environnement, ajoute-t-elle, la concurrence s’intensifie sur le marché au profit des consommateurs qui disposent d’un plus large éventail de choix. « C’est à l’avantage et du secteur, et des consommateurs », résume-t-elle.

Mme Supa insiste aussi sur le fait que la consommation n’est pas vouée à s’opposer à l’écologie. Des décisions d’achat réfléchies et prises en toute conscience permettent aux consommateurs de participer activement à la protection environnementale. En évoquant l’engagement de ces nouvelles marques en faveur de l’écologie, elle précise : « les sacs à la mode éphémère comportent souvent des doublures qui ne durent que trois ans au mieux, mais nous avons choisi ceux qui sont plus chers, qui durent plus de 10 ans. Après des décennies, nos sacs peuvent encore servir : ils auront un charme rétro. Nous tenons à ce que nos produits et la mode qu’ils représentent soient plus qu’une tendance passagère, qu’ils soient plutôt un jeu sans fin ». Pour Mme Gao, la protection environnementale va quelque peu à contre-courant de la nature humaine car elle oblige les gens à freiner leurs désirs et à adopter un style de vie minimaliste. « C’est pourquoi les produits durables doivent d’abord avantager les consommateurs et faire en sorte qu’ils s’intègrent en douceur dans la vie de tous les jours sans avoir besoin d’être intentionnellement mis en valeur ou mentionnés », commente-t-elle.

Présentation des produits HowBottle sur des filets de pêche, qui sont aussi un matériau clé dans leur conception. FOURNI AU CHINA DAILY

M. Ren met en avant l’importance d’éviter « la contrainte écologique ». « Il est peu probable que le public se lance dans la protection environnementale par et pour lui-même. Les produits verts doivent d’abord répondre à un sens commercial », explique-t-il. « Remplacer le plastique par du bambou, par exemple, passe par une excellence du savoir-faire en matière de conception et de qualité du produit – il nous faut créer des articles que les clients ordinaires ont vraiment envie d’acheter, pas seulement pour séduire les acheteurs soucieux de l’environnement ». Mme Supa note une évolution remarquable dans les marques émergentes : même si elles ne sont pas explicitement étiquetées comme respectueuses de l’environnement, elles incorporent des éléments durables dans leurs matériaux et leur processus de fabrication. « Les jeunes patrons aujourd’hui ont naturellement un état d’esprit écolo. Si l’on n’a pas la moindre notion environnementale, il est presque embarrassant de vouloir établir une image de marque », fait-elle remarquer. La tendance actuelle fait naître un cycle positif – un plus grand nombre de marques contribuent à faire baisser les coûts technologiques et à rendre les produits verts plus abordables.

Diplômée de l’université Sun Yat-sen avec une licence en biotechnologie, et de l’University of Southern California avec une maîtrise en entreprenariat social, Mme Supa est convaincue du rôle essentiel du commerce et de la technologie dans l’intensification des efforts environnementaux. Elle explore aussi l’usage de matériaux plus respectueux de l’environnement. Sa société HowBottle collabore avec le Musée du Palais à Beijing à la conception d’un produit culturel utilisant la technologie d’origine biologique : dans la Cité interdite, des feuilles mortes sont ramassées et utilisées comme substrat de fermentation pour faire pousser du mycélium, qui est ensuite traité pour produire de la fibre de tissu. Ces produits, qui mêlent une imagination romantique et une technologie de pointe, enrichissent le concept de la protection environnementale et traduisent la conviction de Mme Supa, selon laquelle la durabilité peut être une source de plaisir.

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