Apprendre à vivre avec les éléphants

China Daily | 2024-12-20 10:00
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À l’aide d’applications lançant des alertes précoces, les équipes de gardes-forestiers dans le Yunnan s’entendent bien avec leurs voisins sauvages.

Photo, prise le 8 août, 2024, d’éléphants d’Asie sauvages à Xishuangbanna dans la province du Yunnan. HU CHAO / XINHUA

Pour de nombreux habitants du village de Dahuangba dans la préfecture autonome Dai de Xishuangbanna, les éléphants d’Asie sauvages étaient considérés comme des voisins venus de l’Enfer.

Leurs fermes étant situées à la lisière de la forêt tropicale où vivent les éléphants, ils ne pouvaient que désespérer en regardant les troupeaux en maraude se rassasier.

Certains habitants malchanceux se sont même trouvés enfermés dans leur voiture, secouée d’un bord et de l’autre par des pachydermes dont la curiosité semblait en faire un jeu. De telles expériences étaient terrifiantes pour le commun des mortels.

Il en ressort que la population de Dahuangba, dans la province du Yunnan, abhorrait les éléphants d’Asie sauvages.

Toutefois, les comportements commencent à évoluer dans ces communautés rurales grâce à l’utilisation de technologies modernes, notamment les applications d’alertes précoces qui suivent la trace de ces éléphants, et à des équipes de gardes-forestiers dévoués qui surveillent de près les mouvements des troupeaux.

Un signal provisoire, prêt à être installé au bord de la rue principale du village quand des éléphants sont aperçus, indique la mise en garde suivante :

« Des éléphants sauvages ont été signalés plus loin. Passage interdit. Prise de photos interdite. Interdiction de tenter de faire fuir les animaux ».

Tao Daqiang, qui habite à Dahuangba, dit que des meutes d’éléphants se rendent fréquemment sur ses terres cultivées, principalement pendant la moisson.

Pour ne rien arranger, le village est situé tout près de la réserve naturelle nationale de Xishuangbanna – une forêt tropicale luxuriante de 241 000 hectares et une zone grande comme une fois et demie la taille de Londres – qui constitue un habitat majeur pour les éléphants d’Asie.

« Pratiquement tous les villageois ont rencontré des éléphants sauvages d’une façon ou d’une autre dans le passé », souligne M. Tao.

La Chine, qui figure parmi les 13 principaux habitats d’éléphants d’Asie sauvages dans le monde, fournit une contribution exceptionnelle à la protection de l’espèce. Malgré la baisse du nombre d’éléphants dans le monde, le pays connaît une progression remarquable de sa population d’éléphants d’Asie sauvages, qui est passée d’environ 150 animaux à plus de 300 au cours des trois dernières décennies, selon le bureau des forêts et des prairies du Yunnan.

L’éléphant d’Asie, le plus gros animal terrestre du continent, est placé en Chine sous la protection dite de première classe. L’espèce est principalement répandue dans la préfecture autonome Dai de Xishuangbanna, dans les régions de Pu’er et de Lincang. Son habitat couvre une surface qui est passée de 14 communes de la province dans les années 1990 à 61 en 2020.

Plus des deux tiers des troupeaux d’éléphants sauvages de Xishuangbanna et de la région voisine de Pu’er errent hors des réserves naturelles, jusque dans les villages et sur les terres cultivées des environs en quête de nourriture, ce qui provoque des conflits entre les éléphants et les gens, précise le bureau.

Un garde-forestier préparant un drone pour une opération de surveillance. FOURNI AU CHINA DAILY

Avant de retourner à son travail, M. Tao sort son téléphone cellulaire et tape l’application de surveillance de l’éléphant d’Asie sauvage. Cet outil technique pratique affiche les mouvements des troupeaux voisins et lance des alertes précoces.

M. Tao explique : « Le troupeau le plus proche est à environ 2 kilomètres. Je recevrai une alerte quand les animaux atteindront un rayon d’un kilomètre à partir de l’endroit où je suis. Nombreux sont les villageois qui ont pris l’habitude de vérifier l’emplacement des troupeaux avant de s’aventurer ».

Compte tenu du fait que les villageois âgés n’ont pas l’habitude d’utiliser des téléphones cellulaires, les alertes sont également émises par haut-parleur, et en plus, des signaux d’alerte sont mis en place, ajoute-t-il.

Lancé en août 2020, le système d’alerte précoce surveille la présence éventuelle d’éléphants d’Asie sauvages près des villages entourant la réserve naturelle nationale de Xishuangbanna.

À l’aide de 600 caméras infrarouges et de 177 systèmes d’émission intelligents, la couverture de 38 zones où apparaissent fréquemment des espèces sauvages est assurée. Le système a recours à la reconnaissance d’images grâce à l’intelligence artificielle pour identifier les éléphants, et la procédure intégrale, depuis la capture d’images jusqu’à l’envoi des alertes précoces, ne prend que 15 secondes, indique la réserve.

Pendant ce temps, à Xishuangbanna et à Pu’er, une équipe de 55 gardes-forestiers y contrôle l’activité des éléphants d’Asie, principalement des gros troupeaux.

Par un après-midi de juillet, dans le village de Mengman, préfecture de Xishuangbanna, le garde-forestier Zheng Xuan lance un drone équipé d’une caméra infrarouge pour surveiller une parcelle de forêt près de terres cultivées et de la voie ferrée reliant la Chine au Laos.

« La famille (d’éléphants) Ran Ran a passé la nuit là. Nous avons donc envoyé une alerte aux villageois par l’application de téléphone mobile à 3h du matin », indique M. Zheng. « Il est maintenant environ 16h et c’est à peu près le moment où les animaux devraient se réveiller ».

Quelques minutes plus tard, les images infrarouges montrent les éléphants en mouvement près de la lisière de la forêt. Leur chaleur corporelle apparaît en rose.

M. Zheng a alors fait voler le drone à une distance sûre au-dessus du troupeau et allumé la caméra ordinaire. On voyait alors les 31 éléphants se déplacer nonchalamment dans la forêt.

M. Zheng et son équipe de gardes-forestiers surveillent la famille Ran Ran d’éléphants d’Asie sauvages depuis 2016. Il préfère qu’on l’appelle « gardien d’éléphants » plutôt que garde-forestier.

« La famille est très habituée à trouver de la nourriture dans les villages », commente-t-il. « Nous devons donc surveiller ses membres 24 heures sur 24 pour prévenir tout conflit entre eux et les villageois. Si les éléphants s’approchent de la route ou de la voie ferrée, nous devons nous rapprocher d’eux et les guider pour les éloigner ».

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