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Un tableau musical à la gloire du Bouddha

Par Chen Nan(China Daily) 02-07-2019

Un tableau musical à la gloire du Bouddha

Démonstration de l’ancien instrument de musique chinois pipa par la danseuse Chen Yining lors d’une conférence de presse à Pékin le 17 mai. [Provided to China Daily]

Au cours des six dernières années, le compositeur Tan Dun, dont l’œuvre a été récompensée par un Oscar, s’est rendu de nombreuses fois dans l’ancienne cité de Dunhuang, dans la province du Gansu, pour étudier et faire connaître les grottes de Mogao. Les grottes, site du patrimoine mondial de l’UNESCO, contiennent de nombreuses peintures murales remontant aux 4ème et 14ème siècles.

L’aboutissement de ses visites, c’est une œuvre de grande envergure intitulée Buddha Passion (la passion du Bouddha), qu’il a composée pour solistes, chœur et orchestre.

Après une première mondiale au festival de musique de Dresde en Allemagne le 23 mai de l’an dernier, puis une première asiatique au centre culturel de Hong Kong en novembre, Buddha Passion se lance dans sa première tournée en Chine continentale à partir de ce mois-ci avec au programme plusieurs villes, notamment Pékin et Shanghai.

L’œuvre est interprétée par l’Orchestre national de Lyon et l’International Choir Academy Lubeck sous la baguette de Tan Dun, accompagnés de sept solistes chinois, dont le ténor Shen Yang, la soprano Guo Sen et les chanteurs Tan Weiwei et Batbagen – ce dernier, appartenant à l’ethnie mongole, joue aussi du morin khuur (un instrument à cordes traditionnel mongol, avec une tête de cheval sculptée au bout du manche) et c’est un maître du khoomei (chant de gorge).

« Il s’agit là de l’œuvre la plus importante de ma vie », dit M. Tan, âgé de 62 ans. « Les histoires que relatent les peintures murales se transmettent depuis des milliers d’années, et c’est ce qui m’a inspiré. On y retrouve les notions universelles concernant l’amour, le pardon, le sacrifice et le salut. Ce sont les tableaux représentant la musique, d’anciens instruments de musique et de grands ensembles, qui m’ont le plus impressionné. Je me suis posé des questions sur les sons qui résonnaient à Dunhuang, ou même dans la Chine ancienne d’il y a plus de 1 000 ans ».

M. Tan s’est rendu dans les musées et les bibliothèques du monde entier, notamment le musée national de Chine, la British Library et la Bibliothèque nationale de France, pour se renseigner sur les instruments de musique et les manuscrits de la Chine ancienne.

Il s’est également efforcé de reproduire les instruments, en particulier le pipa (un luth chinois à quatre cordes), dont on trouve des images sur les murs des grottes, avec l’aide de luthiers et d’artisans expérimentés dans la fabrication d’instruments.

Le créateur de Buddha Passion a transformé les peintures murales en personnages musicaux et condensé les histoires racontées dans les tableaux en six actes de sa composition.

Le premier acte, intitulé The Bodhi Tree, relate l’histoire d’un petit prince qui tente de sauver un oiseau mort. Au bout de 49 jours de méditation sous un arbre, la lumière se fait en lui : il fait l’éloge des hommes aimant toutes les créatures et se félicite que toutes les créatures naissent égales. Les autres actes traitent de thèmes tels que le sacrifice, la nature et le Nirvana.

« Les grottes de Mogao présentent des milliers d’années de l’histoire de la Chine sous différents aspects, tels que l’art, le bouddhisme et la musique. C’est une partie importante de l’ancienne Route de la soie », explique Zhang Xiantang, vice-doyen de l’institut de recherche de Dunhuang à Pékin. « Les peintures murales des grottes de Mogao regorgent de sagesse traditionnelle chinoise et de philosophie, ce qu’il [Tan Dun] a traduit en musique. Cela contribue à faire connaître les messages de la Chine ancienne dans le monde ».

Sylvie Bouchard, qui représente l’Orchestre national de Lyon et l’International Choir Academy Lubeck, rapporte que M. Tan lui a parlé de la tournée il y a deux ans quand son œuvre Nyu Shu: The Secret Songs of Women était donnée à Lyon.

« Nous partageons une amitié de longue date avec Tan Dun », a confié Mme Bouchard dans un entretien à Pékin. « Je suis allée à la première de Buddha Passion à Dresde et j’ai été impressionnée par les messages que Tan Dun souhaite faire passer dans sa musique. Lyon était l’un des derniers arrêts sur l’ancienne Route de la soie. Dunhuang a aussi été un arrêt important sur la route de commerce. Aujourd’hui, nous allons célébrer les sons anciens dans le cadre d’une interprétation contemporaine nouvelle, qui peut être appréciée à la fois en Orient et en Occident ».

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