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Découverte insolite : un dinosaure ailé

Par Zhang Zhihao(China Daily) 31-05-2019

Découverte insolite : un dinosaure ailé

La couverture de la revue Nature du 9 mai. [Provided to China Daily]

Des scientifiques chinois ont découvert ce qu’ils nomment une espèce extrêmement rare et étrange de la période jurassique dans la province du Liaoning : un dinosaure qui errait dans les forêts de la Chine ancienne avec des ailes semblables à celles de la chauve-souris, rattachées à son maigre corps emplumé, il y a 163 millions d’années.

La découverte de cette nouvelle espèce suggère que les pionniers du vol qui la composaient planaient tels des chauves-souris grâce à des ailes membraneuses plutôt que recouvertes de plumes comme les oiseaux.

La recherche a été effectuée par des scientifiques de l’institut de paléontologie et de paléoanthropologie des vertébrés au sein de l’académie chinoise des sciences. Les résultats ont fait la couverture de la revue Nature dans son édition du 9 mai.

La nouvelle espèce, Ambopteryx longibrachium, appartient à la famille des Scansoriopterygidae, l’un des groupes les plus étranges des théropodes non aviaires.

« C’est une sorte de chimère bizarre tenant du reptile volant, du dinosaure et de l’oiseau », dit Wang Min, un chercheur de l’institut et auteur principal du rapport de recherche.

En s’appuyant sur les registres fossiles, les scientifiques ont estimé la longueur des membres de la nouvelle espèce à environ 32 centimètres et leur poids de l’ordre de 306 grammes. « C’est à peu près la taille d’une petite pie ou d’un écureuil, mais beaucoup plus rare et plus étrange ».

Les Scansoriopterygidae sont si rares que seules trois espèces de fossiles ont été précédemment découvertes. En 2015, les scientifiques chinois ont ajouté le troisième genre à la liste, Yi Qi, le premier dinosaure avec des ailes de type chauve-souris jamais découvert, qui a obligé les scientifiques à revoir leurs théories sur l’évolution du vol.

« Nous pensions précédemment que le passage évolutif du dinosaure aux oiseaux volants avait suivi un chemin linéaire marqué par des changements aboutissant au squelette, aux plumes et aux tissus mous qui rendaient le vol possible », explique M. Wang. « Aujourd’hui, nous n’en sommes pas si sûrs, car de nouveaux registres fossiles montrent que le vol a évolué d’autres manières ».

Toutefois, ces autres méthodes ont été probablement de courte durée et sans succès, car tous les Scansoriopterygidae connus appartenaient à la fin de la période jurassique et la structure membraneuse exceptionnelle de leurs ailes n’a pas survécu jusqu’au crétacé qui a suivi.

Les Scansoriopterygidae diffèrent des autres théropodes par l’allongement de leur crâne, la minceur de leurs membres, la petite taille de leur queue et la très grande longueur de leur troisième orteil. « Ils ressemblent de près à certains oiseaux plutôt qu’à des dinosaures, et quand nous avons pris possession du fossile, nous pensions qu’il appartenait à un oiseau des premiers temps », commente M. Wang. « Mais quand nous avons commencé à nettoyer et analyser le fossile, nous avons trouvé des proportions bizarres, des membranes et une étrange structure de l’aile qui avait d’abord été découverte chez Yi Qi ».

Contrairement aux autres dinosaures volants, qui étaient les prédécesseurs des oiseaux, ces deux espèces avaient des ailes membraneuses soutenues par l’os du poignet agissant comme une tige et appelée l’élément styliforme que l’on ne trouve chez aucun autre dinosaure, mais qui est pourtant présent chez les écureuils volants et le genre éteint des reptiles volants.

M. Wang indique que le fossile nouvellement découvert constitue le spécimen de son groupe le plus fidèlement préservé et le plus intrigant, car provenant d’un adulte entièrement développé et présentant des caractéristiques reconnaissables, à l’opposé du premier membre de son groupe découvert, qui était jeune.

Les scientifiques ont par ailleurs mis au jour, dans le nouveau fossile, les premiers restes d’une matière stomacale non digérée et émis l’hypothèse que ce groupe d’anciens sujets volants était omnivore.

« De nombreuses questions restent encore sans réponse et notre découverte ne pourrait être que la partie émergée de l’iceberg », prévient M. Wang. « Il nous faut mener des travaux supplémentaires sur le terrain et utiliser de nouvelles méthodes pour pousser plus loin l’examen des fossiles. Par bonheur, la Chine a une multitude de sites de fossiles de dinosaure impressionnants, et la recherche connexe a progressé rapidement au cours des deux dernières décennies en dépit d’un départ relativement tardif ».

La ville de Heyuan, dans la province du Guangdong, possède la plus grande collection d’œufs de dinosaure au monde, à savoir plus de 10 000 recensés en novembre 2004 selon le Livre Guinness des records. En 2015, 43 nouveaux œufs ont été sortis de terre par des ouvriers qui faisaient des travaux de voierie dans la ville.

Il arrive souvent que les paléontologues trouvent de nouveaux fossiles de dinosaure dans les provinces du Yunnan, du Liaoning, du Sichuan, du Shandong, de l’Hebei et du Zhejiang ainsi que dans la région autonome de Mongolie intérieure. Comme dit M. Wang, « la Chine est un authentique Jurassic Park ».

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