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Des musées enracinés dans leur environnement

Par Xu Lin et Shi Ruipeng(China Daily) 18-01-2019

Des musées enracinés dans leur environnement

Cette maison en bois dans le village de Longji, du comté de Longsheng dans la région autonome du Guangxi Zhuang, est vieille de plus de 160 ans. Y sont exposés des outils agricoles tels qu’un gros mortier en pierre pour moudre le riz. [Xu Lin/China Daily]

Des musées enracinés dans leur environnement

Un paysan du village de Longji portant une charge de riz fraîchement récolté. [Xu Lin/China Daily]

Le site Web de l’Oxford English Dictionary définit un écomusée comme un musée interdisciplinaire qui présente « l’histoire et le patrimoine d’une localité ou d’une région particulière dans le contexte de sa société, de sa culture et de son milieu naturel ». Le terme a été inventé par deux muséologues français en 1971 et s’est introduit dans les milieux universitaires chinois dans les années 1980 par le biais d’un magazine.

En Chine, une première tranche d’écomusées a vu le jour vers la fin des années 1990 dans la province du Guizhou, et des homologues ont ouvert dans la région autonome du Guangxi Zhuang peu après.

Chaque écomusée du Guizhou comporte une salle d’exposition où sont présentées des collections d’objets fournis par des villageois de la région, depuis des vêtements traditionnels jusqu’à des articles de tous les jours.

En 2012, tout un groupe d’écomusées et de salles d’exposition a ouvert à travers le comté d’Anji dans la province du Zhejiang, dans des lieux économiquement plus avancés que les premiers sites d’implantation. On peut en outre trouver des écomusées dans d’autres parties de la Chine, telles que la région autonome de Mongolie intérieure et la province du Yunnan.

« C’est toute la localité, y compris l’architecture et les habitants, qui constitue un écomusée », affirme Gong Shiyang, conservateur adjoint du musée d’anthropologie du Guangxi, un établissement traditionnel qui conseille 10 autres écomusées dans toute la région. « Nombreuses sont les personnes qui ne comprennent pas bien le concept et confondent souvent la salle d’exposition avec l’écomusée ».

Dans un musée traditionnel, les éléments exposés peuvent provenir d’autres endroits tandis que dans un écomusée, toutes les expositions sont profondément enracinées dans la zone où elles se situent, explique M. Gong. « C’est une expérience vivante. Vous pouvez observer la vie des habitants originels. Au lieu de voir un objet tel qu’un outil agricole, vous pouvez voir la façon dont les villageois s’en servent dans les champs ».

Aux premiers stades du projet, les normes relatives au choix d’un site comprenaient l’état de préservation de l’architecture et une évaluation de son patrimoine culturel immatériel.

Les 10 écomusées sont répartis dans tout le Guangxi. Ils présentent différents groupes ethniques et de l’artisanat caractéristique tel que la broderie.

Selon M. Gong, le projet d’écomusées du Guangxi vise à protéger la culture ethnique et à donner un coup de fouet au développement économique des localités. Contrairement aux musées traditionnels, l’accent est mis sur le suivi pour encourager les habitants à s’impliquer davantage. « Nous avons fait beaucoup de progrès ces dernières années. Par exemple, les villageois comprennent aujourd’hui l’importance de protéger et de réparer les vieux bâtiments ».

Dans chaque écomusée, plusieurs habitations historiques exemplaires bien préservées sont sélectionnées, puis une formation est dispensée auprès des propriétaires pour les aider à mieux les protéger. Ces constructions ont beaucoup de succès auprès des touristes.

Mai Xi, un directeur de département au musée d’anthropologie du Guangxi, expose l’action engagée et à venir : « Nous faisons de notre mieux pour maintenir des ouvrages d’architecture publics tels que les demeures ancestrales. De nombreux villageois modernisent un peu les extérieurs de leurs vieilles maisons et laissent les intérieurs tels qu’ils sont. Une solution consisterait à nous faire racheter une ou deux vieilles maisons construites à des époques différentes pour démontrer comment la localité s’est développée, comme dans une reconstitution chronologique ».

Le personnel des écomusées prend souvent des photos ou fait des vidéos pour enregistrer la culture locale et apprendre aux villageois à faire de même. Un festival annuel de la photo et du film est organisé pour permettre aux membres du personnel et aux villageois d’exposer leurs œuvres et de publier des recueils photographiques.

« Ces types d’œuvres numériques sont aussi une forme de protection », estime M. Mai. « C’est une précieuse richesse culturelle. Certains habitants sont d’accord pour apprendre et ils comprennent l’importance » du projet. Les écomusées profitent à la localité, souligne-t-il.

« Les collectivités locales ont accéléré la réalisation d’infrastructures telles que la voierie, l’écoulement des eaux et l’électricité qui, à l’époque, n’existaient pas dans certains villages éloignés où nos écomusées sont implantés », indique M. Gong.

« Si les touristes commencent à venir, cela veut dire plus de revenus, ce qui permet d’améliorer le niveau de vie de la population locale, surtout celle des contrées pauvres. Nous formons aussi des habitants à la fabrication d’objets artisanaux et les aidons à les vendre pour augmenter leurs revenus ».

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