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Voyage filmé au bout d’une terre cachée

Par Xu Fan(China Daily) 26-10-2018

Voyage filmé au bout d’une terre cachée

Des gazelles tibétaines en vedette dans le documentaire Hidden Land in Northern Tibet.[Photo provided to China Daily]

Une jeune étudiante en cinématographie, marchant dans les pas du père intrépide qu’elle a perdu, a tourné son premier documentaire sur une expédition à destination d’un glacier du Tibet à des milliers de kilomètres de son université.

Quand Rao Zijun a été engagée pour tourner le documentaire Hidden Land in Northern Tibet (terre cachée dans le Tibet septentrional), elle était en quatrième année de ses études de montage de films pour le cinéma et la télévision à l’académie centrale d’art dramatique de Pékin.

Aux côtés des 47 autres membres de l’équipe de tournage, Zijun, alors âgée de 21 ans, a parcouru en décembre 2016 près de 3 500 kilomètres pour se rendre au cœur du Qiangtang, la plus grande réserve naturelle de Chine située dans la région autonome du Tibet. Avec ses lacs, ses déserts et ses glaciers, ce territoire est un refuge pour des espèces rares telles que l’antilope tibétaine, le yack sauvage et l’ours brun tibétain.

Le documentaire de 90 minutes, qui est centré sur le glacier de Purog Kangri à environ 560 km de la ville de Nagchu, est sorti sur les écrans de la Chine continentale le 31 août et était annoncé pour la fin septembre dans des salles européennes choisies. S’étendant sur plus de 400 kilomètres carrés, le Purog Kangri est le troisième plus grand glacier au monde.

Contrairement à la plupart des documentaires ayant pour thème la nature, où dominent les paysages naturels et la vie sauvage, Hidden Land in Northern Tibet relève plutôt d’une exploration introspective autour des gens qui ont tourné le film.

Rao Zijun avait une incitation personnelle à se lancer dans ce projet exigeant, qui était aussi sa première incursion dans ces hautes terres peu connues dont l’altitude moyenne est de 5 000 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Alors qu’elle avait cinq ans, son père Rao Jianfeng s’est découvert une fascination pour l’alpinisme qui le conduisit à escalader avec succès 10 des 14 pics les plus hauts du monde, à environ 8 000 mètres d’altitude. Mais l’ascensionniste chevronné qu’il était devenu et qui s’était fait une renommée dans les milieux chinois des sports d’aventure, est mort sous les balles d’une bande de terroristes au Pakistan le 22 juin 2013.

Alors âgé de 49 ans, Rao Jianfeng était à l’époque dans un camp de base pour montagnards au Gilgit-Baltistan, le territoire administratif le plus au nord du Pakistan, et il prévoyait d’escalader le Nanga Parbat, la neuvième montagne la plus haute du monde à 8 126 mètres au-dessus du niveau de la mer.

« Quand j’ai appris la nouvelle, je n’ai pas pu y croire », raconte sa fille. « Je n’ai pas arrêté de lire des messages postés sur Sina Weibo (le micro-blog chinois, NDLR) jusqu’à ce que j’aie pu avoir confirmation que c’était la vérité ».

Voyage filmé au bout d’une terre cachée

Un yak sauvage tibétain, tel qu’il apparaît dans le documentaire. [Photo provided to China Daily]

La jeune femme a pensé que son voyage au Purog Kangri serait une bonne façon de comprendre la passion de son père pour l’alpinisme, mais aussi de surmonter sa peine.

Quant à Cai Yu, le producteur et scénariste du documentaire, le Purog Kangri est pour lui un moyen d’atténuer le désir nostalgique que lui inspire son lieu de naissance en voie de disparition : un village reculé et faiblement peuplé de la province du Guizhou, dans le sud-ouest de la Chine. Ancien haut responsable au sein du ZOSE Group, une firme basée dans la province du Hainan, il avait démissionné de son poste pour rejoindre le Tibet et le Qinghai en 2012.

« Le Qiangtang est l’une des plus anciennes régions du Tibet », a déclaré M. Cai à des journalistes lors de la première du film à Pékin le 23 août. « Il a été formé il y a des millions d’années et fut jadis parsemé de paysages de verdure et de rivières. Des vestiges remontant à l’âge de pierre y ont été découverts, ce qui prouve qu’il abritait jadis un berceau de l’humanité ».

Quand il retourna au Hainan en 2015 et fut nommé à la tête d’une société de production cinématographique qui était une filiale de ZOSE, il décida de faire un documentaire sur le Qiangtang qui fut rarement projeté sur le grand écran. Après avoir longtemps attendu l’autorisation de tourner sur les lieux, en novembre 2016, il y emmena une équipe de 48 personnes dans 16 véhicules.

Mais le projet s’avéra beaucoup plus difficile que prévu. En route vers leur destination, à savoir le pic le plus élevé du Purog Kangri, la plupart des membres de l’équipe souffrit du mal des montagnes. Les bêtes sauvages représentaient aussi une menace potentielle. Un yack sauvage géant attaqua l’un des véhicules et tenta de le retourner, mais le conducteur réussit à échapper à l’animal.

Après avoir perdu près d’un tiers de ses membres à mi-chemin pour des raisons de santé, le reste de l’équipe parvint finalement à sa destination – les terres qui sont au cœur du Purog Kangri, formées par des glaciers il y a des millions d’années.

Rao Zijun se félicite d’avoir pu réaliser son premier film dans une région où seules quelques personnes ont jamais mis les pieds :

« Je suis la première et la seule étudiante de ma promotion universitaire à avoir tourné un long métrage. Je m’estime très chanceuse et j’espère faire d’autres tournages sur le Qiangtang, qui est si vaste et présente encore de nombreuses zones restant à explorer ».

Voyage filmé au bout d’une terre cachée

L’équipe a été contrainte de s’arrêter à 6 200 mètres d’altitude sur le pic le plus élevé du glacier Purog Kangri en raison de la sévérité des conditions. [Photo provided to China Daily] 

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