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La chère protection des pandas rapporte gros

Par Angus McNeice(China Daily) 28-09-2018

La chère protection des pandas rapporte gros

Un gardien déguisé en panda proposant de la nourriture à l’un des vrais pandas du zoo de Yunnan à Kunming, dans la province du Yunnan, le 2 juillet. [Liu Ranyang/China News Service]

Le panda géant est à la fois l’animal originaire de Chine le plus emblématique et un puissant symbole du combat pour la conservation de la nature sur toute la planète, mais la protection de l’espèce continue de susciter la polémique.

Certains zoologues et certains journalistes arguent que les millions dépensés chaque année pour préserver cet ours vulnérable est un gaspillage, en partie parce que les habitudes alimentaires et reproductives de la créature sont hautement sélectives et la rendent difficile à protéger.

Un naturaliste britannique, Chris Packham, a prononcé un jour la formule tristement célèbre selon laquelle les pandas étaient « engagés dans un cul de sac évolutionnaire » et que les défenseurs de l’environnement feraient mieux de « débrancher la prise et les laisser partir ».

Mais selon une nouvelle recherche par une équipe de scientifiques chinois, britanniques, américains et australiens, les efforts déployés pour la protection des pandas produisent un retour sensible sur l’investissement.

L’étude, publiée dans la revue Current Biology, estime que la valeur générée par les réserves naturelles pour les pandas en Chine se situe entre 2,6 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros) et 6,9 milliards de dollars par an, soit entre 10 et 27 fois le coût de l’entretien des réserves.

« De nombreux détracteurs prétendent que la dépense de précieuses ressources pour la préservation des pandas est un gaspillage », note l’auteur principal de l’étude, Wei Fuwen, de l’académie chinoise des sciences. « Notre analyse contredit ce point de vue et démontre clairement la grande valeur du panda, à la fois par rapport à sa valeur culturelle et intrinsèque, et par rapport aux services écosystémiques fournis par les réserves de pandas ».

L’étude a été effectuée par des chercheurs des établissements suivants : académie chinoise des sciences ; Australian National University à Canberra et James Cook University dans le Queensland ; Pittsburgh University et zoo de San Diego ; et Cardiff University au Pays de Galles.

Les chercheurs ont observé une série de variables avant de parvenir à leurs estimations, notamment le stockage du carbone et la production des ressources.

Les réserves destinées aux pandas géants offrent une variété de services écosystémiques appréciés de la population locale, indique M. Wei. Elles servent à cultiver des récoltes, faire paître du bétail, procurer de l’approvisionnement en eau et récolter du bois de chauffage. Elles jouent un rôle dans la gestion du ruissellement des eaux, dans la rétention des sédiments et des éléments nutritifs ainsi que dans la séquestration du carbone. La recherche a également pris en compte la valeur culturelle du panda.

« Nous savons désormais que le système de réserves et de protections parvient à inverser le déclin du panda et que son action profite à la société et à la nature en général », commente M. Wei.

Charlotte MacDonald, directrice de la conservation et des collections vivantes à la Royal Zoological Society of Scotland, n’a pas pris part à l’étude mais note que le panda est « une espèce parapluie » et que les réserves de pandas fournissent une protection à d’autres animaux et à la flore. « Les pandas géants sont de bien des façons un navire amiral pour la préservation », estime Mme MacDonald. « La sauvegarde de leur habitat contribue aussi à protéger de nombreux animaux au côté desquels ils vivent ».

La Chine a intensifié ses efforts en faveur de la préservation du panda depuis qu’une étude a révélé il y a 28 ans une forte baisse du nombre d’animaux et une énorme perte de leur habitat. Selon l’enquête nationale menée en 1990, le nombre de pandas avait diminué de moitié en 10 ans, pour tomber à 1 112 animaux, et leur habitat avait baissé des deux tiers pour descendre à 12 340 kilomètres carrés.

Depuis lors, le gouvernement a protégé 33 118 kilomètres carrés de réserves destinées aux pandas, et le nombre d’animaux a rebondi pour passer à 1 864.

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