US EUROPE AFRICA ASIA

Les trous noirs dans le collimateur du télescope

Par Zhang Zhihao(China Daily) 30-03-2018

 

Les trous noirs dans le collimateur du télescope

Représentation artistique du satellite astronomique pour la mission élargie à rayons X de synchronisation et de polarimétrie. [Provided to China Daily]

La Chine prévoit de lancer un télescope à rayons X de premier rang mondial avant 2025 pour étudier les phénomènes de l’univers les plus extrêmes et les plus mystérieux, tels que les trous noirs, les explosions de rayons gamma et la fusion des étoiles à neutrons, ont fait savoir des scientifiques le 2 mars.

Le télescope, sous le vocable de mission élargie à rayons X de synchronisation et de polarimétrie (enhanced X-ray Timing and Polarimetry mission/eXTP), disposera de « capacités d’observation sans précédent » pour examiner les phénomènes physiques extrêmes autour des trous noirs, ou l’intérieur des étoiles à neutrons, les débris super-denses des étoiles gigantesques, explique Zhang Shuangnan, un chercheur de l’institut de physique des hautes énergies de l’académie chinoise des sciences.

La Chine a lancé en juin son premier télescope spatial à rayons X, le télescope d’observation des rayons X durs (Hard X-ray Modulation Telescope), également connu sous le nom de Insight (perception). En août, les scientifiques ont ainsi pu définir le niveau d’énergie d’une onde gravitationnelle qui venait d’être découverte, sous forme d’ondulations minuscules provoquées par de violents phénomènes cosmiques dans la contexture de l’espace et du temps.

M. Zhang pense que le nouveau télescope chinois pourrait constituer l’un des « trois chariots entraînant l’astronomie internationale relative aux rayons X », à côté du Large Observatory for X-ray Timing (grand observatoire de la synchronisation des rayons X) et du projet ATHENA, tous deux dirigés par l’Agence spatiale européenne. Selon lui, le télescope eXTP cimentera la position de la Chine en tant que l’un des leaders mondiaux de l’astrophysique. L’observatoire pourrait aussi devenir le plus grand projet scientifique sous l’impulsion de la Chine.

Plus de 100 instituts représentant 20 pays, dont les États-Unis et la Grande-Bretagne, prennent part au projet, indique M. Zhang en ajoutant que l’équipe de recherche pourrait grossir pour finir par inclure plus de 150 instituts.

Andrea Santangelo, coordonnateur du projet eXTP et professeur à l’université de Tuebingen en Allemagne, y voit un projet enthousiasmant qui a non seulement mis en évidence l’histoire de la collaboration entre la Chine et l’Europe, mais également séduit des universitaires dans le monde entier. « Il va ouvrir une nouvelle fenêtre permettant à la recherche de base de comprendre la physique fondamentale de l’univers. Pour la première fois, nous allons peut-être pouvoir étudier des phénomènes physiques qui sont trop extrêmes pour les laboratoires sur la Terre ».

C’est en 2017 que les scientifiques chinois ont proposé le télescope à rayons X de synchronisation et de polarimétrie. Le prototype de l’eXTP sera achevé à l’horizon 2022 ; la Chine envisage de lancer le télescope d’ici à 2025 et de commencer sa période de fonctionnement prévue pour 10 ans, six ans de plus que la durée de vie pour laquelle Insight avait été conçu, selon M. Zhang.

En dehors des pays européens, les États-Unis élaborent leur propre observatoire spatial à rayons X, le NASA’s STROBE-X. « La concurrence va être très serrée, et l’eXTP pourrait être l’observatoire le plus exigeant que la Chine ait jamais construit, tant en ce qui concerne la coordination mondiale que la technologie », avoue M. Zhang. « Mais la Chine connaît depuis ces dernières années une croissance monumentale de ses capacités spatiales, et elle s’est fait en peu de temps une réputation dans la construction de matériel spatial sophistiqué. Les équipes derrière le projet eXTP sont à la hauteur du défi ».

PDF

 
Ce site est produit par le China Daily de la République populaire de Chine.