Jean-Pierre Raffarin
Le Président Xi Jinping a effectué deux visites en France, en 2014 et 2015, l’Hexagone étant ainsi l’un des rares pays où il s’est rendu plus d’une fois depuis qu’il est devenu le numéro un de la Chine en 2012.
La collaboration étroite et efficace qu’il entretient avec les grandes puissances a fait de Xi un nom connu de tout le monde en France, selon Jean-Pierre Raffarin, l’ancien Premier ministre français, qui se consacre au rapprochement de son pays avec la Chine depuis des décennies. « Demandez à n’importe quelle personne de rencontre dans les rues de Paris qui est Xi Jinping, elle le sait comme tout un chacun », a déclaré M. Raffarin lors d’un entretien dans la capitale française.
Il attribue la notoriété de M. Xi au fait qu’il tient parole non seulement sur le plan intérieur, mais aussi sur la scène internationale. M. Raffarin estime que chez lui, le président chinois a donné avec succès l’image d’une Chine dynamique en approfondissant les réformes structurelles, en luttant contre la corruption, en s’attaquant aux problèmes environnementaux et en prenant des mesures radicales pour mettre fin à l’extrême pauvreté.
« Au niveau mondial, M. Xi est un chaud partisan du multilatéralisme et il a déployé des efforts importants pour améliorer les relations internationales au cours des cinq dernières années ».
Ces efforts ont souligné le fort désir de paix chez M. Xi, commente M. Raffarin.
Citant le point de vue du chef de l’État chinois selon lequel le monde peut parvenir à la paix et à la prospérité dans le cadre d’une interdépendance croissante, Xi Jinping est pour Raffarin l’un des dirigeants internationaux qui ont le plus voyagé, faisant tout son possible pour amener les acteurs mondiaux autour de la table afin de rechercher des solutions communes aux problèmes de la planète.
« Il ne craint pas les situations difficiles », constate l’homme politique français à propos des visites de M. Xi dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, ainsi que de son désir d’apporter la paix et la coopération à des régions ravagées par les conflits. « Le monde est dangereux et nous avons besoin d’une puissante locomotive sur le chemin de la paix. La Chine défend la paix sur la planète, en donnant au monde un meilleur équilibre ».
Revenant sur les cinq dernières années, M. Raffarin se dit impressionné par l’ampleur de la vision qui se dégage de la Chine et par ses « Deux objectifs des deux centenaires », tels que le 18ème Congrès national du Parti communiste chinois les a proposés en 2012 en les reliant aux centièmes anniversaires, respectivement du PCC en 2021 et de la République populaire de Chine en 2049.
D’ici à 2020, il est prévu que le produit intérieur brut (PIB) et le revenu par habitant de la Chine seront le double de leur niveau de 2010, et que la constitution d’une « société modérément prospère » sera réalisée.
Avant le milieu du XXIème siècle, la Chine sera un pays socialiste moderne, « prospère, fort, démocratique, culturellement avancé et harmonieux ».
M. Raffarin estime que sous la houlette de M. Xi, elle est sur la bonne voie pour atteindre ces deux objectifs.
« L’économie de la Chine est robuste, sa population est en meilleure santé et plus fortunée ; par ailleurs, sur la scène internationale, son influence et sa présence sont grandissantes alors qu’elle joue un rôle central pour amener les autres pays autour de la table ».
La réalisation d’un tel progrès n’a pas été une tâche aisée, observe-t-il, et « M. Xi a fait montre de courage pour faire passer les réformes », comme en témoigne la décision chinoise de fermer de nombreuses usines vétustes et polluantes au cours des cinq dernières années, tant il est toujours beaucoup plus facile de laisser les choses en l’état que de les changer.
Sur le plan international, concernant l’accord de Paris sur le climat, M. Xi a agi avec « une détermination et une volonté politique très fermes » vis-à-vis des autres dirigeants mondiaux. M. Raffarin a critiqué la décision du président américain Donald Trump de retirer les États-Unis de l’agrément mondial sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
La Chine a revêtu un grand nombre de rôles nouveaux au cours des cinq dernières années, dit-il, mais elle rencontre des difficultés car il convient de mieux expliquer les choses à la population. Face à de tels défis, la plupart des dirigeants occidentaux choisissent l’inaction.
« J’ai donc beaucoup de respect pour M. Xi et pour la classe dirigeante chinoise qui ont eu la vision de s’engager dans cette voie pour l’avenir. Je crois que c’est difficile, mais c’est important », souligne M. Raffarin. À propos du congrès qui vient de se tenir, M. Xi et le Parti avaient de nombreux défis à relever car la Chine joue un rôle mondial qui est nouveau, poursuit-il. Il est des changements sociaux et économiques que le pays doit mettre en œuvre. Parallèlement, il pense que la gouvernance du Parti s’améliorera, compte tenu de la réussite enregistrée au cours des cinq dernières années. Avec 89 millions de membres, M. Raffarin note que le Parti dépasse la population de la France : « nous savons donc combien il doit être difficile de faire des réformes ».
Pour autant, il constate que le Parti s’est montré déterminé à être plus moderne et plus discipliné, tandis que la réforme interne a progressé en douceur. « En tant qu’ami et observateur proche de la Chine, je sais que M. Xi veut que le Parti soit au service du peuple ».
Selon lui, M. Xi a fait passer un message important au monde, à savoir son plaidoyer pour l’innovation. Il considère que le président chinois encourage les gens, en particulier les jeunes, à innover et à penser à l’avenir.
M. Raffarin a rencontré M. Xi à plusieurs occasions, notamment quand il faisait partie d’une mission dirigée par l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve en février et lorsqu’il a assisté au Forum « Ceinture et Route » pour la coopération internationale en mai, en tant qu’envoyé spécial du Président Emmanuel Macron.
« M. Xi n’a pas changé, du point de vue de sa personnalité », affirme M. Raffarin. « C’est quelqu’un de lucide et de calme. C’est un homme fidèle à sa parole ».
