US EUROPE AFRICA ASIA

La relance économique est dans le pré

Par Liu Xiangrui(China Daily) 30-06-2017

La relance économique est dans le pré

Un touriste en compagnie de Shi Basan, aujourd'hui âgée de 68 ans. [Liu Xiangrui/China Daily]

La relance économique est dans le pré

La maison d'un villageois à Shibadong après des travaux de rénovation. [Provided to China Daily]

Quatre ans après la visite du président dans un village, la campagne chinoise récolte le fruit de ses atouts, y compris grâce au kiwi.

Quand en 2013 le Président Xi Jinping s'est rendu à Shibadong, un village de la province du Hunan, il est passé devant la maison de Shi Basan et s'est arrêté pour lui serrer la main – mais elle ne l'a pas reconnu. « Comment devrais-je m'adresser à vous ? », demanda au visiteur la villageoise alors âgée de 64 ans, à la surprise des personnes qui l'entouraient. Pour autant, nombreux sont les anciens dans ce village de montagne qui auraient eu du mal à identifier le président à l'époque.

Comptant près de 1 000 habitants et environ 560 hectares de terre arable, Shibadong est une enclave éloignée dans la préfecture autonome tujia et miao de Xiangxi. Les maisons en bois et en bambou sont situées sur les collines pour réserver les sols en contrebas à l'agriculture, d'étroits chemins de pierre reliant les quartiers sur les versants.

Au moment de la visite de M. Xi, le village était pauvre et isolé. « On voyait peu d'étrangers par ici », dit Mme Shi en expliquant que la seule trace d'électricité dans sa maison noircie par la fumée était une ampoule éclairant faiblement. Pour regarder la télévision, elle devait aller chez sa voisine et elle ne parlait que le dialecte local, le miao.

Avec son mari, elle devait faire deux kilomètres à pied sur un chemin de montagne sinueux pour aller chercher de l'eau en bas dans la vallée. Après le mariage de ses deux filles, le couple cultivait, à un âge avancé, une petite rizière et élevait des cochons.

À Shibadong, nombreux sont les anciens à avoir vu une voiture pour la première fois de leur vie lorsqu'une nouvelle route a été construite en 2001. Auparavant, les villageois devaient faire une marche de plus d'une heure jusqu'à la route la plus proche pour prendre un car à destination des villes environnantes. À l'aller comme au retour, ils devaient tout transporter sur leur dos.

« Il nous fallait vendre nos porcelets avant qu'ils ne grossissent trop, autrement, il aurait été trop dur pour les hommes de les sortir du village en les portant », précise Mme Shi qui, en raison du manque de transport, s'éloignait rarement de chez elle sauf pour se rendre aux foires dans la ville voisine. Le plus loin où elle était allée avant 2013, c'était Jishou, une ville distante de 40 km, pour voir sa fille aînée qui y était hospitalisée.

Lors de sa visite en 2013, M. Xi avait insisté sur le fait que l'action visant à éliminer la pauvreté devait être précise, basée sur des situations concrètes, axée sur les bons choix concernant les personnes et les activités, le tout avec les bons outils.

Par la suite, les autorités du comté de Huayuan envoyèrent des équipes de travail dans les villages où les revenus étaient en dessous du seuil de pauvreté, en vue de guider la lutte contre la misère. « Nous nous efforçons d'aider les villageois à se lancer dans des choses qui peuvent être reproduites et encouragées dans d'autres endroits », indique Wu Shiwen, chef de l'équipe de travail à Shibadong. « Notre mission consiste à motiver les villageois et à faire qu'ils se battent passionnément contre la pauvreté ».

L'équipe collabore avec le comité du village pour contribuer à la naissance d'activités, à la promotion de produits agricoles et à l'amélioration des infrastructures. Au cours des dernières années, Mme Shi dit avoir assisté à de nombreux changements dans le village.

Le sol en terre battue de sa vieille maison a été remplacé par un revêtement lisse en ciment. Et au lieu d'aller chercher de l'eau, elle n'a plus qu'à ouvrir un robinet. Sa cuisine et sa salle de bains ont été modernisées et un écran de télévision DEL est accroché au mur.

Les travaux de rénovation dans chaque maison ont été effectués sous la conduite de l'équipe de travail, grâceà fonds publics. Les villageois se sont par ailleurs organisés pour empierrer les anciens chemins de terre.

Entre 2013 et l'an dernier, plus de 55 millions de personnes, soit à peu près la population de l'Afrique du Sud, sont sorties de la pauvreté en Chine, selon le bureau principal du groupe du Conseil des affaires d'État pour la réduction de la pauvreté et le développement.

Le gouvernement central a affecté 66,7 milliards de yuan (8,7 milliards d'euros) à la lutte pour la réduction de la pauvreté l'an dernier, soit une augmentation de plus de 43% par rapport à 2015, ce qui a permis à 12,4 millions de personnes d'échapper à la pauvreté, indique ce bureau. Et d'ajouter que l'an dernier, les 128 000 villages pauvres en Chine étaient tous dotés de responsables spécifiquement désignés pour diriger l'action en faveur de la réduction de la pauvreté.

Les hautes instances dirigeantes du pays ont promis en novembre 2015 que toutes les personnes vivant dans la pauvreté – plus de 70 million fin 2014 – en seraient sorties avant 2020.

À différents niveaux, les autorités doivent venir en aide à environ 50 millions de personnes par des moyens tels que le développement industriel, les relocalisations, l'éducation et les soins de santé. Les autres personnes pauvres – la plupart ayant totalement ou partiellement perdu leur capacité à travailler manuellement – bénéficieront de subventions gouvernementales, a fait savoir le pouvoir central.

Lors d'une réunion en février dernier, le Président Xi s'est prononcé pour une intensification des efforts engagés, appelant notamment à des mesures plus précises pour faire en sorte que la pauvreté en Chine soit éliminée à l'horizon 2020. Il a prévenu que le pays devait s'attendre à des difficultés accrues au fur et à mesure que cet objectif se rapprochait.

Depuis la visite de M. Xi en 2013, le village de Shibadong est devenu une attraction touristique, et les responsables locaux font part de projets visant à faire du tourisme un pivot de l'économie locale en exploitant le potentiel que représentent sa saveur ethnique, ses constructions traditionnelles, son environnement écologique et les grottes de karst qui ont donné leur nom au village. Traduit littéralement, Shibadong veut dire « 18 grottes ».

L'expansion touristique a apporté des bienfaits à la population locale. On a assisté à l'ouverture de nombreux restaurants ruraux et les villageois peuvent vendre leurs produits agricoles à domicile, à des prix avantageux.

Par ailleurs, la rencontre de Mme Shi avec le Président Xi l'a rendue célèbre, et nombreux sont les touristes à s'arrêter pour se faire prendre en photo avec elle. « Je me sens honorée. Avant, personne ne me connaissait. Ma vie a changé désormais », commente Mme Shi, qui vend de la viande fumée aux visiteurs.

En 2014, elle a été conviée par une société pour vendre à Pékin des broderies ethniques miao et du porc fumé, une spécialité locale. « Jamais je n'aurais imaginé me rendre à Pékin. C'est seulement après y être allée que je me suis rendu compte à quel point la Chine était immense. Ce voyage m'a ouvert les yeux ».

Avec l'âge, Mme Shi a cessé la culture. Le comité du village lui fournit environ 550 yuan d'allocation mensuelle pour lui assurer un niveau de vie adéquat.

La municipalité déploie beaucoup d'efforts en faveur de méthodes susceptibles d'éliminer la pauvreté dans des régions comme Shibadong. Dans ce village en 2015, l'équipe de travail contre la pauvreté a persuadé les villageois de mettre en commun les fonds de secours fournis par le gouvernement – 6 000 yuan par personne – et un peu de leur propre argent pour former un partenariat avec une entreprise agricole en vue de démarrer une plantation de kiwis.

En l'absence de surfaces agricoles suffisantes dans le village, les gens de Shibadong ont eu l'ingéniosité de transférer de la terre et de louer environ 67 hectares à un village voisin. Les actinidias ont commencé à donner des fruits cette année. La plantation devrait finir par rapporter à chaque villageois près de 10 000 yuan par an. Certains villageois travaillent comme employés de la plantation.

Sous les conseils de l'équipe de travail, sept coopératives ont été formées pour se consacrer à des activités telles que les broderies ethniques miao et l'élevage porcin. Ces coopératives contribuent elles aussi à l'augmentation des revenus des villageois.

PDF

 
Ce site est produit par le China Daily de la République populaire de Chine.