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Mengzhi Zheng : un artiste d'origine chinoise qui explore l'idée de la traversée

(Xinhua) 21-07-2016

Les Lyonnais accueilleront à l'automne 2017 un toit-terrasse au sommet du parc des Halles, le plus vieux parking de Lyon construit en 1970. Le projet de transformation a été confié à l'artiste Mengzhi Zheng, lauréat du concours lancé par LPA (Lyon Parc Auto) et Art Entreprise (Georges Verney-Carron).

Le projet de Mengzhi, avec sa terrasse arborée et son double ruban jaune, a été très apprécié par le public et les médias locaux lors d'une première présentation en juin dernier. Selon eux, cette transformation donnera une seconde vie à ce parking et au quartier.

« Plus qu'une terrasse, j'ai voulu créer un espace flottant et léger, ouvert sur la ville. C'est à la fois un parking et un endroit où le passant peut se relaxer et vivre une expérience en traversant ce bâtiment le temps d'une pause », a confié Mengzhi Zheng à Xinhua qui, bien qu'il ait gardé son nom chinois sur sa carte d'identité française, est appelé « artiste chinois » par les médias locaux.

Né dans la province du Zhejiang (sud-est de la Chine), Mengzhi est arrivé en France pour rejoindre ses parents à l'âge de 7 ans et a grandi à Paris.

Après deux années d'étude post-bac en école de graphisme, il décide de s'orienter vers les Beaux-Arts. « Le graphisme ne pouvait plus me satisfaire pour créer et m'exprimer pleinement », dit-il.

« Etre artiste est rare parmi les immigrés chinois de seconde génération et dont la plupart sont dans les affaires. Pour nos parents, devenir avocat, médecin ou commerçant est ce qu'ils souhaitent pour leurs  enfants », confie l'artiste.

« Les Beaux-Arts, c'est une voie vers l'inconnu », mais heureusement, « mes parents ont compris à cette époque que je ne serais pas heureux si j'entrais dans les affaires au sein de la communauté avec la famille ».

Mengzhi intègre en 2006 l'Ecole nationale supérieure d'art de Nice et en sort cinq ans après diplômé avec mention. Un parcours dans le monde de l'art n'est pas sans obstacles. A la sortie de cette école, il travaille dans une agence de communication à Lyon pour vivre. Après une année en tant que graphiste, il démissionne pour se consacrer pleinement à son art. « Rentrer aux Beaux-Arts était une décision forte pour ma vie et je devais de continuer mon art après l'école », affirme cet artiste de 33 ans.

En deuxième année des Beaux-Arts, Mengzhi est reparti en Chine pour revoir sa ville natale. Il n'avait pas prévu que ce séjour allait inspirer tout un travail artistique par la suite. Durant son voyage, il a été frappé par son village qu'il n'a plus reconnu. La ville se construisait sous ses yeux : « J'ai eu l'impression que les nouveaux bâtiments construits étaient déjà des architectures du passé ».

Il a alors commencé à s'interroger sur l'architecture de ces villes nouvelles et de ces structures, ainsi que de l'organisation des espaces d'habitation dans ce rapport du corps à l'espace.

A son retour en France, il fait des gravures à l'eau-forte en reprenant des paysages de sa ville natale. « C'est un travail introspectif, comme un retour en arrière pour mieux aller de l'avant », résume-t-il. Commencent alors ses premières expérimentations de maquettes faites à la main dans son logement de 12m2 jusqu'à des essais de « sculpture architecturale » grandeur nature appliqués à d'autres espaces.

Les œuvres reflètent toujours les expériences et le parcours de l'artiste. Pour Mengzhi, « être artiste, c'est être en dialogue permanent avec l'histoire de l'art, avec soi-même et le monde qui nous entoure ». L'expérience de la traversée est un thème central qu'il explore tout au long de son parcours artistique.

« Je suis né en Chine, venu vivre en France. J'ai donc traversé... Ici, j'ai compris qu'être entre deux cultures et territoires, c'est finalement n'être ni dans l'un ni dans l'autre, c'est être figé dans l'entre-deux. J'ai longtemps exprimé ce constat sans prêter attention cet espace de circulation d'un point à l'autre. Et traverser donc, c'est être dans le mouvement et l'action ».

Cinq ans après sa sortie des Beaux-Arts, Mengzhi commence à se faire connaître. En 2014, il livre une commande monumentale de 8x8m à la Défense à Paris, une œuvre in situ et pérenne dans le hall d'entrée de la tour ERDF. En 2015, sa série des « maquettes abandonnées », exposée au Palais de Tokyo lors de la 13e Biennale d'art contemporain de Lyon, avait impressionné de nombreux professionnels.

L'historien et critique d'art Philippe Dagen, chroniqueur au quotidien français Le Monde, avait qualifié l'artiste de « découverte de l'année 2015 ». Son travail « nous rappelle la critique des constructions et de l'habitat moderne de situationnistes tels que Guy Debord ou Constant ».

« Je serais très heureux si, un jour, je pouvais exposer en Chine », avoue cet artiste qui a accompli une traversée de la Chine vers la France. « J'aimerais faire une traversée inverse ».

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