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Le credo mode de la Chinoise Ma Yanli

Par Andrew Moody et Yan Dongjie(China Daily) 24-06-2016

Le credo mode de la Chinoise Ma Yanli
Ma Yanli fait partie des juges du concours de Miss Univers Chine. [Photo pour China Daily]

La créatrice Ma Yanli estime que les couturiers de son pays devraient imiter leurs homologues occidentaux dans la recherche de l'individualité.

La créatrice de mode Ma Yanli, également connue sous le nom de Mary Ma, dit que les couturiers chinois n'ont nullement besoin d'afficher leurs origines dans les vêtements qu'ils produisent. Celle qui fut mannequin et actrice, aujourd'hui âgée de 41 ans, estime qu'ils devraient plutôt s'efforcer d'être aussi individualistes que les créateurs occidentaux.

Elle explique : « les créateurs chinois sont aujourd'hui des couturiers en leur nom propre et en concurrence avec d'autres créateurs internationaux. Bien sûr, leurs créations reflètent leurs influences personnelles dont certaines peuvent comporter des caractéristiques chinoises, mais là n'est pas la question. Il ne s'agit pas de l'Est contre l'Ouest ou de la Chine contre l'Amérique ; il s'agit de créateurs dans leur individualité ».

Jadis décrite comme la réplique chinoise de Cindy Crawford, Ma Yanli a récemment lancé à Pékin sa propre collection de vêtements associant le style simple d'un corsage blanc à un blue-jean. Les prix des corsages iront de 399 à 2 500 yuan (de 53 à 335 euros). Ceux des jeans seront du même ordre.

« J'aime les vêtements simples dans ma vie de tous les jours car ils sont adaptés à de nombreuses situations – que ce soit quand je me détends à la maison ou sors dîner avec une amie, voire quand j'ai quelque chose de relativement important à faire, comme de donner une interview », confie Mary Ma qui portait un ensemble de sa nouvelle collection lors de notre entretien. « Je pense que les filles sont sexy quand elles sont en jean. Pas besoin de penser à sa taille ou à son poids, il suffit de marier un chemisier blanc et un jean. Tout le monde a fière allure avec ça, il suffit d'avoir confiance en soi ».

Ma Yanli, qui a fait des études de design à l'Université Donghua de Shanghai, a créé Maryma Haute Couture en 2005. Basée à Pékin, la maison emploie actuellement 20 personnes.

Cette année, elle a été choisie pour habiller le Premier ministre chinois Li Keqiang ainsi que les dirigeants de cinq pays asiatiques pour le dîner de bienvenue dans le cadre de leur première réunion sur la coopération Lancang-Mekong qui a eu lieu à Sanya, dans la province du Hainan au sud de la Chine. Le motif sur la tunique bleue qui avait été confectionnée pour l'occasion représentait le Mekong avec une fleur indiquant chacun des six pays traversés par le fleuve.

« C'était notre première création dans le monde de la diplomatie ou des affaires gouvernementales. J'étais très fière de voir les dirigeants porter les habits que nous avions créés. Nous avions travaillé dessus comme des fous pendant tout un mois », souligne la couturière. « Nombreux sont ceux qui, au dîner, sont venus vers moi et m'ont félicitée pour ma création. C'était une étape importante pour notre maison », ajoute-t-elle.

Ma Yanli dit que la mode en Chine commence désormais à refléter la « nouvelle normalité » que constituent le ralentissement de la croissance et le climat économique en général. Elle s'attend à ce que le noir et le gris soient une caractéristique de ce que les gens porteront cet été. « Je pense que le blanc, le noir et le gris seront probablement plus en vue cet été que les couleurs plus vives – orange, rose, jaune et rouge – qui dominaient ces dernières années. Ce que les gens portent est influencé par l'état d'une société et en est le miroir. Après des années de développement effréné, ils recherchent quelque chose de simple, de paisible mais aussi de haute qualité. Ils veulent des couleurs calmes, qui les apaisent ».

Ma Yanli a grandi à Zhoukou, dans la province du Henan. Elle est la fille d'un professeur principal de collège mais sa famille travaille généralement dans l'agriculture. Elle était bien partie pour devenir championne d'aviron mais a subi une grave blessure du dos lors d'un accident de bateau. C'est ensuite par hasard qu'en faisant les magasins à Shanghai, elle fut remarquée par un agent de mannequin à la recherche de candidates.

Admise au concours international de mannequins de Shanghai en 1995, elle allait devenir le premier top-modèle de la Chine et faire une belle carrière, prêtant notamment son visage à de nombreuses campagnes de publicité dans le pays. Elle allait ensuite se lancer dans une carrière d'actrice : on la vit dans la comédie dramatique Marriage Battle à la télévision et dans le film Love in Cosmo en 2010, où elle interprétait la rédactrice en chef d'un magazine de mode basé sur le personnage d'Anna Wintour, patronne de la rédaction de Cosmopolitan.

Elle fut sollicitée pour reprendre sa carrière d'actrice avec un rôle dans le film basé sur l'émission de téléréalité chinoise Métamorphose, dans lequel des enfants de milieux aisés échangent leur domicile avec celui d'enfants de quartiers défavorisés, et vice-versa. « Je ne suis pas une actrice professionnelle, mais j'aime interpréter des rôles de film car ils me permettent d'éprouver la vie de gens différents », commente l'ancienne actrice. « C'est exactement comme dans ma vie. Je suis passée par beaucoup d'expériences – depuis mon enfance dans une famille ordinaire jusqu'à ma carrière de top-modèle et d'actrice de télévision, puis de fondatrice et PDG d'une entreprise en passant par ma vie de mère de famille ».

Divorcée, Ma Yanli vit avec sa fille de 12 ans, Lang Qin Ge, qui fréquente l'école primaire annexée au Conservatoire central de musique de Pékin. « Elle est presque aussi grande que moi », dit sa mère qui mesure 1,78 m. « Elle veut devenir pianiste professionnelle de concert classique ».

Mary Ma, qui compte parmi ses clients le footballeur David Beckham et le musicien Quincy Jones, affirme que l'industrie chinoise de la mode a fait d'énormes progrès au cours des deux dernières décennies. « Elle a évolué de manière spectaculaire. Quand j'ai débuté, les Chinois ne savaient même pas ce qu'était la mode. Pour eux, il suffisait que quelque chose soit beau pour être à la mode. Aujourd'hui, la mode chinoise est extrêmement variée, et l'on en a une conception différente à chaque niveau de la société ».

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