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Les JO, c'est maintenant, la retraite, pour plus tard

Par Sun Xiaochen(China Daily) 26-02-2016

À l'approche des Jeux olympiques de Rio, une championne de tennis chinoise a mis fin à une disette de sept ans et retrouvé son appétit de victoires.

Les JO, c'est maintenant, la retraite, pour plus tard

Zhang Shuai au cours de son quart de finale contre la Britannique Johanna Konta lors de L’Open d’Australie 2016 au Melbourne Park le 27 janvier dernier. [Photo provided to China Daily]

C'est parfois dans les moments où l'on s'y attend le moins que les rêves se réalisent, et dans le cas de la joueuse de tennis Zhang Shuai, l'Open d'Australie a permis de le vérifier le mois dernier. À son entrée dans le tournoi, elle restait sur un record épouvantable dans les tournois du Grand Chelem qu'elle disputait depuis 2008 : 14 défaites consécutives au premier tour.

Comme elle était opposée à la Roumaine Simona Halep au premier tour du tournoi de Melbourne cette année, il y avait une bonne chance que sa série de défaites atteigne le chiffre 15. En fait, avant l'Open d'Australie, Zhang Shuai avait, à 27 ans, envisagé de prendre sa retraite et d'ouvrir un café.

« La plupart du temps dans ma vie de joueuse de tennis, je ne me suis jamais sentie heureuse avant les deux semaines de Melbourne », dit Shuai, qui est passée professionnelle en 2003. « J'étais tellement frustrée… J'avais l'impression que les efforts que j'avais déployés pendant toutes ces années éprouvantes ne porteraient jamais leurs fruits ».

Et pourtant, à Melbourne, elle est parvenue en quarts de finale, devenant la quatrième Chinoise à atteindre ce stade dans un tournoi du Grand Chelem après Li Na, Zheng Jie et Peng Shuai. Pour faire partie des huit dernières qualifiées, elle a dû se défaire d'un groupe d'adversaires coriaces dont Halep, la Française Alizé Cornet (33ème mondiale) et l'Américaine Madison Keys (17ème), avant de s'incliner devant la Britannique Johanna Konta. En atteignant les quarts de finale, Zhang Shuai s'est hissée au 65ème rang mondial, sa deuxième meilleure performance après avoir brièvement été classée 33ème en 2014.

Ses performances de Melbourne et les encouragements de son entraîneur semblent avoir mis en veilleuse ses projets de mettre fin à sa carrière et d'ouvrir un café. « Alors que j'étais sur le point de m'arrêter, le succès m'a fait changer d'avis et redonné confiance dans mon aptitude à réaliser mes ambitions », dit Shuai, qui prévoit de faire une pause pendant le festival de printemps avant de participer au tournoi d'Indian Wells, en Californie, le mois prochain.

Sous la coupe de son père, un ancien joueur de football, elle a commencé à jouer au tennis à l'âge de cinq ans, dans sa ville natale de Tianjin à une époque où ce sport était l'apanage des riches en Chine. Quand des joueuses comme Li Na, qui allait remporter l'Open d'Australie et celui de France, ont commencé à briller sur la scène mondiale à la fin de la première décennie du siècle, Zhang Shuai s'est révélée comme la sportive chinoise capable de suivre leur exemple, les espoirs placés en elle étant stimulés par sa victoire aux dépens de la numéro un, la Russe Dinara Safina, au deuxième tour de l'Open de Chine à Beijing en 2009.

Après avoir remporté son premier et seul titre sur le circuit de la Women's Tennis Association à Guangzhou en 2013, elle a commencé à être tenaillée par une blessure au bras droit, qui l'a maintenue sur la touche pendant plus de la moitié de la saison 2014. Ayant plongé au 200ème rang mondial l'an dernier, son niveau le plus bas depuis 2009, Zhang Shuai envisagea d'abandonner son sport. Sur l'ensemble de l'année, elle n'avait gagné que quatre des matches du tableau principal, poussant à 14 sa série de rencontres du Grand Chelem sans victoire.

Depuis que Li Na a pris sa retraite l'an dernier, les amateurs de tennis et les médias chinois guettent la prochaine carte du pays pour le Grand Chelem. Jusqu'alors, peu nombreux étaient ceux qui comptaient encore sur Zhang Shuai, que l'on considérait comme une autre de ces sportives prometteuses qui n'ont pas justifié les espoirs placés en elles.

« J'avais l'impression que pour tout le monde, j'étais devenue un objet de ridicule », commente Shuai à propos de son triste record dans le Grand Chelem. « Cela, je pouvais le supporter, mais ce que je ne pouvais pas tolérer, c'est que l'on se moque des gens qui m'avaient soutenue parce qu'on leur prêtait une confiance aveugle en moi ».

Son soutien le plus solide vient de son entraîneur Liu Shuo, qui a beaucoup aidé la joueuse à gérer ses crises de confiance quand les deux rentraient ensemble en avion après chaque élimination dans un tournoi majeur. « Je lui ai dit que je l'entraînerais sans rémunération en guise de preuve de la confiance que j'avais dans ses capacités », explique M. Liu, qui a commencé à travailler avec Shuai en 2010. « En tenant un discours motivant, je permets aux gens de se sentir bien dans leur peau ».

Grâce à l'amélioration de son classement mondial, on verra Zhang Shuai plus souvent dans les grands tournois du circuit professionnel, et la championne chinoise tourne son regard vers les Jeux olympiques de Rio de Janeiro en août prochain avec la ferme intention d'y voir portées haut les couleurs de son pays. À cette fin, il lui reste cependant beaucoup de travail à faire car la qualification pour le tournoi en simples des JO oblige les joueuses à être classées parmi les 56 meilleurs mondiales à la date du 6 juin prochain. Ce qui signifie que Shuai devra être suffisamment performante au cours des prochains mois pour gagner neuf places.

« L'un de mes objectifs avait toujours été de remporter une victoire dans un tournoi du Grand Chelem, et maintenant que c'est fait, je suis prête à viser un autre but, celui de ma participation aux Jeux olympiques », affirme Zhang Shuai. « La réussite dans un tournoi ne changera pas ma façon d'aborder les choses. Je continuerai à travaillerai dur tous les jours à la manière d'une non-favorite. À partir du moment où je fais de mon mieux à chaque entraînement, jour après jour, les résultats viendront d'eux-mêmes ».

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