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Passion d’un artisan-héritier de la fabrication de l’encens médicinaux

Par Yang Feiyue(China Daily) 05-06-2020

Passion d’un artisan-héritier de la fabrication de l’encens médicinaux

Li Shiliang sélectionnant des herbes pour son encens médicinal à base de plantes. [Photo fournie à China Daily]

Li Shiliang est l’héritier de la cinquième génération du savoir-faire de la preparation des encens médicinaux et a été nommé héritier du patrimoine immatériel au niveau national par le Conseil d’État en 2014.

L’usage de l’encens remonte à la période pré-Qin (c. 2100-221 avant J.C.), quand il était principalement utilisé pour des rituels et des cérémonies sacrificielles.

Les archéologues ont trouvé des encens dans les ordonnances médicales datant de la dynastie des Han occidentaux (206 avant JC.- 24 de notre ère).

Dans la dynastie des Tang (618-907), l’encens était utilisé pour stériliser les chambres, les linges de lit et les vêtements, et pour traiter les problèmes de santé.

L’encens médicinal a atteint le sommet du développement dans la dynastie des Song (960-1279), lorsque les familles royales ont mis en place leurs propres services de fabrication d’encens. Dans la dynastie des Qing (1644-1911), la tradition de fabriquer des sachets et des pilules parfumées au cours du premier mois de l’année lunaire était largement pratiquée pour se préserver de diverses maladies.

A nos jours, l’encens à base de plantes est de plus en plus utilisé pour soulager la douleur, traiter les problèmes de santé mentale comme la dépression et faire des produits de soins de la peau et cosmétiques.

M. Li s’engage dans la poursuite de la tradition de sa famille en matière de fabrication de l’encens à base de plantes pour des fins médicinales et de la promotion de son utilisation dans la vie quotidienne.

Les activités de fabrication de l’encens à base de plantes de sa grande famille remontent au milieu de la dynastie des Qing. Des formules traditionnelles et processus de production utilisés autrefois pour fabriquer de l’encens pour la cour royale ont été transmis de génération à génération.

« J’ai vu des seniors de ma famille distribuer de l’encens à base de plantes aux résidents de notre quartier en cas de besoin », a dit M. Li.

Sa grand-mère était également une praticienne de médecine traditionnelle chinoise bien connue. C’est donc depuis longtemps un précepte familial pour aider les autres dans les moments difficiles.

Il a fait don de 6 tonnes d’encens à base de plantes lors de l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003.

« L’encens était très cherché, et mes voisins me l’ont demandé, tout comme mes clients et leurs amis », explique Li.

Il partage également ses encens médecinaux avec ceux qui l’entourent lors du changement climatique pour les aider à prévenir les rhumes et les fièvres.

« J’apprécie l’expérience de regarder les membres de ma famille faire de l’encens et de jouer avec des pâtes aux herbes », selon M. Li.

Cela lui a permis de développer un nez sensible aux arômes à base de plantes.

À l’âge de 10 ans, Li était déjà en mesure de distinguer un certain nombre d’herbes différentes et tenaient plusieurs recettes d’encens par cœur.

Passion d’un artisan-héritier de la fabrication de l’encens médicinaux

L’artisan a fait don d’encens à base de plantes au public de Pékin. [Photo fournie à China Daily]

Après avoir pris le relais des affaires de sa famille en 1999, M. Li est allé à l'université pour apprendre de manière systématique l’histoire et l’art de la médecine traditionnelle chinoise, et pour compléter ses connaissances.

« J’avais l’impression que je devais élargir ma vision du monde et innover les recettes familiales », a-t-il déclaré.

Il reconnaît que certaines formules et techniques sont perdues au fil des générations. À ce titre, il a cherché à combler ces lacunes grâce à l’éducation universitaire.

Après avoir terminé ses études universitaires, il a commencé son voyage à la recherche d’encens à travers la Chine et à l’étranger pour découvrir la riche histoire de la fabrication d’encens et des techniques de production dans les régions différentes. Il a partagé et échangé des expériences avec des artisans de fabrication d’encens dans la région autonome du Tibet et dans les provinces du Qinghai et du Yunnan, et a étudié les méthodes de fabrication d’encens avec des herbes cultivées à haute altitude.

« La façon dont les groupes ethniques Bai et Miao plantent les herbes et fabriquent de l’encens m’a ouvert les yeux », a-t-il dit.

Il a également acquéri des informations de ses voyages en France, en Ukraine, au Moyen-Orient et en Amérique du Sud.

« J’ai trouvé que nous avions tous beaucoup de points en communs et que nous avons des techniques et des philosophies complémentaires à partager. »

M. Li a intégré ces riches expériences dans ses recettes familiales et a créé des produits tels que du papier et du thé à base de plantes. Il a également partagé son expertise avec d’autres fabricants d’encens.

M. Li a fondé en 2008 une entreprise pour produire et commercialiser l’encens médicinal.

« Le produit n’a pas intéressé le grand public au début parce que pas mal de gens associent l’encens avec les rituels réligieux », s’est rappelé M. Li.

Cependant, la situation a commencé à s’améliorer lorsque son activité a été nommée patrimoine culturel immatériel national en 2014.

« Nous avons eu plus de campagnes de promotion dans des endroits comme les musées, et plus de gens se sont rendus compte que l’encens faisait partie de la culture médicinale traditionnelle chinoise », a-t-il dit, ajoutant que les ventes ont grimpé depuis 2014.

M. Li adhère strictement à la tradition.

« Tous les ingrédients doivent être naturels et suivre des protocoles qui ont été testés et éprouvés », a-t-il expliqué.

Passion d’un artisan-héritier de la fabrication de l’encens médicinaux

Li Shiliang, l’héritier de la cinquième génération de la fabrication d’encens médicinaux, préparant une pâte à base de plantes. [Photo fournie à China Daily]

Les ingrédients doivent être pesés avec soin pour assurer un produit équilibré et des procédures doivent être prises pour réduire ou éliminer les propriétés indésirables.

Par exemple, l’encens fabriqué à base de bois de santal rouge et de carthame peut être utilisé pour stimuler la circulation sanguine, ce qui convient aux personnes vivant dans le nord, car ils sont sensibles aux problèmes cardiovasculaires, en particulier pendant les hivers froids. Par contre, le bois de santal rouge est trop puissant pour être utilisé seul et doit être équilibré par des feuilles de thé, de la cannelle de cassia ou du miel, selon l’artisan.

Certains types d’encens ne peuvent être fabriqués que pendant de certaines périodes de l’année.

Puisque M. Li est accompagné des arômes d’herbes toute sa vie, le parfum semble avoir littéralement déteint sur lui.

« Les gens disent que je sens un parfum à base de plantes, même si je viens de prendre un bain », a-t-il raconté.

Il a réalisé une vidéo en ligne parrainé par le bureau municipal de la culture et du tourisme de Pékin pour montrer au public comment faire de l’encens à base de plantes à la maison.

« Cet encens permet non seulement de purifier l’air à la maison, mais donne également aux résidents quelque chose à faire et, ainsi, une tranquillité d’esprit pendant l’épidémie de COVID-19. »

La vidéo a déjà été vue plus de 400 000 fois sur les réseaux sociaux.

M. Li est toujours occupé à fabriquer de l’encens à base de plantes pour ceux qui en ont besoin, en particulier ses amis à l’étranger, alors que la situation de la pandémie s’aggrave dans le monde.

Parlant de ses plans à l’avenir, M. Li a déclaré qu’il continuerait de se concentrer sur ce qu’il avait déjà fait : fabriquer de l’encens médicinal et permettre aux gens d’en profiter.

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