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XI : MODERNISONS LA GOUVERNANCE

Par Andrew Moody(China Daily) 29-11-2019

Dans un contexte historique, le Parti communiste chinois réuni en session plénière a eu raison de mettre l’accent sur l’amélioration de la gouvernance, selon les analystes.

Lors d’une importante assemblée du Parti, les dirigeants chinois ont pris l’engagement d’aller plus loin dans la modernisation du système de gouvernance du pays et d’offrir un meilleur service gouvernemental.

La quatrième session plénière du 19ème Comité central du Parti communiste chinois (PCC), qui s’est tenue du 28 au 31 octobre à Pékin, a essentiellement porté sur l’amélioration de la manière dont la Chine est gouvernée et donné le ton de la marche à suivre vers une nouvelle étape du développement.

La défense et l’amélioration du socialisme à la chinoise, la modernisation du système chinois ainsi que le renforcement des capacités du pays en matière de gouvernance, telle est la tâche majeure qui permettra à la Chine de réaliser les « deux objectifs du centenaire », a assuré Xi Jinping, secrétaire général du Comité central du PCC, dans son allocution devant l’assemblée de la session plénière.

James Feinerman, professeur d’études juridiques asiatiques à la faculté de droit de Georgetown University à Washington, lit dans le communiqué publié à l’issue de la session plénière une vision à long terme de l’avenir de la Chine, avec la promesse de

« progrès spectaculaires dans la recherche d’un système socialiste acquérant une plus grande maturité et un meilleur ancrage sous tous les angles à l’horizon 2021 ». C’est l’année qui marquera le centenaire de la fondation du PCC.

La quatrième session plénière a aussi adopté la promesse de réaliser l’objectif de moderniser le système socialiste chinois et ses capacités en matière de gouvernance d’ici à 2035, ainsi que de voir cet objectif « complètement réalisé » à l’horizon 2049, pour le centenaire de la fondation de la République populaire de Chine. « Cela témoigne d’une démarche à la fois très ambitieuse et prudente dans la façon d’aborder le développement de la Chine », estime M. Feinerman, qui exerce également les fonctions de vice-doyen des études de droit international et transnational à Georgetown.

Alan Barrell, directeur des études à la Cambridge Innovation Academy en Grande-Bretagne, estime que le communiqué transmet de façon succincte et claire des messages formant un tout cohérent. Pour lui, le discours de M. Xi est un encouragement adressé au public pour lequel la poursuite du progrès passe par le cheminement de la Chine vers une position de premier plan en matière d’innovation et de technologie, une planification à long terme comme source d’une plus grande prospérité pour une plus grande partie de la population, une gouvernance renforcée s’appuyant sur le droit, une aide à l’auto-développement, des idéologies partagées et l’amélioration continue de l’éducation.

Rana Mitter, directeur du centre chinois de l’université d’Oxford, juge que la session plénière s’est achevée sur une attention particulière portée à la politique intérieure plutôt qu’internationale, ce qui donne à penser que l’accent est mis sur le moyen ou long terme. En particulier, les conclusions indiquent une intention de renforcer l’économie intérieure comme moyen de sous-tendre les orientations de politique générale, qui signifient vraisemblablement que la recherche et l’investissement dans le développement font l’objet d’une attention renouvelée, précise-t-il.

Wang Huiyao, fondateur et président du Center for China and Globalization, un centre de réflexion pékinois, juge que les dirigeants ont raison de mettre l’accent sur la modernisation du système gouvernemental chinois.

« Le pays est en train de passer d’une concentration sur la grande vitesse à une croissance axée sur la haute qualité. Cela ne peut se faire qu’en améliorant le modèle gouvernemental et les procédures afférentes ».

La transition nécessitera de nouveaux indicateurs clés de performance, affirme M. Wang. « Dans le passé, nos efforts portaient sur la croissance du produit intérieur brut » (PIB), « mais désormais, nous avons besoin d’évaluer notre performance selon d’autres critères tels que la protection de l’environnement, le développement durable et la prestation d’une vie meilleure pour notre peuple. Tel est le message essentiel de la session plénière ».

Zhu Ning, vice-doyen et professeur de finance à l’institut d’études financières avancées de Shanghai (Shanghai Advanced Institute of Finance), espèr e que la modernisation mènera à un abandon des objectifs de PIB dans le 14ème plan quinquennal (2021-25).

« C’est quelque chose que le Fonds monétaire international préconise avec insistance depuis plusieurs années ; nous pourrions évoluer vers une situation où le gouvernement émet des prévisions et non des objectifs de croissance. Cela permettrait d’orienter l’action gouvernementale vers d’autres domaines ».

La session plénière a souligné l’importance du rôle de la direction du Parti dans la modernisation de la Chine. Le fait que le système est le fruit de la collaboration entre le Parti et le peuple est clairement exprimé dans le communiqué. « Le système socialiste à la chinoise est un système scientifique élaboré par le Parti et le peuple dans le cadre de leurs pratiques et de leurs expériences sur le long terme », énonce-t-il.

Pour Ma Liang, professeur de politiques publiques à l’académie nationale de développement et de stratégie de l’université Renmin de Chine, le rôle moteur du Parti dans la réforme est vital. « C’est une notion souvent mal comprise en dehors de la Chine, mais en mettant le Parti au centre, il est plus facile de rationaliser l’action des différentes agences gouvernementales et d’être plus efficace dans la prestation des services à la population ».

M. Zhu, de l’institut d'études financières avancées de Shanghai, estime qu’une meilleure prestation des services gouvernementaux sera en particulier bien accueillie par le secteur privé. « Les sociétés privées demandent à être traitées sur un pied d’égalité avec les entreprises publiques, et si la création d’une société, les procédures de paiement des taxes et l’accès aux services gouvernementaux s’améliorent, cela ne peut qu’être bénéfique. Il importe de rétablir la confiance dans le secteur privé. C’est crucial pour la réussite de l’économie ».

Louis Kuijs, chef du cabinet de conseil Asia for Oxford Economics, se réjouit lui aussi des initiatives visant à moderniser le système gouvernemental chinois. « Plus une économie est développée et sophistiquée, ce qui vaut également pour les agents opérant dans cette économie, plus le gouvernement a du mal à tout gérer », explique-t-il.

M. Kuijs se dit convaincu que le système chinois dispose de forces indéniables. « Je ne suis pas du genre à militer pour le laissez-faire à tout crin. Il est parfaitement légitime que le gouvernement joue un rôle important dans l’économie, mais il convient de mieux distinguer entre là où ce rôle s’arrête et là où les affaires commencent ».

Article réalisé avec la participation de Dong Leshuo et Han Baoyi.

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