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Le retour d’un jeune rebelle dans le giron culturel

Par Chen Nan(China Daily) 26-04-2019

Le retour d’un jeune rebelle dans le giron culturel

Hu Hanchi, metteur en scène et scénariste. [Provided to China Daily]

La splendeur qui entoure l’opéra Kunqu depuis 600 ans est une chose à l’aune de laquelle Hu Hanchi est né et a été élevé, ses parents étant tous deux acteurs au sein du Zhejiang Kunqu Opera Art Theater. Cependant, quel qu’ait été l’éclat qu’ait pu exercer cette splendeur sur le garçon, alors qu’il apprenait cette forme artistique auprès de ses parents en grandissant, la magie avait bel et bien disparu à son adolescence. Dès lors, il avait résolument décidé que la tradition familiale n’était pas faite pour lui.

Au lycée, c’est la musique hip-hop qui lui avait tapé dans l’oreille, au grand dam de son père. Hanchi allait par la suite faire des études à l’académie nationale des arts de théâtre chinois et se faire engager comme acteur au sein de la compagnie théâtrale indépendante de Pékin.

Au fil des ans cependant, il a porté un regard rétrospectif sur la forme artistique à laquelle, jeune homme, il avait tourné le dos, et il s’est rendu compte que l’opéra chinois était en fait un magnifique répertoire de trésors artistiques.

L’été dernier, il a donné la première de sa deuxième production, A Box, au festival annuel d’Avignon. Conjuguant les opéras traditionnels chinois et le théâtre physique, un genre où le récit est principalement contenu dans le mouvement physique, le spectacle a fait ses débuts en septembre au Star Theater de Pékin.

Aujourd’hui âgé de 27 ans, M. Hu travaille sur une nouvelle production théâtrale ancrée dans l’opéra Kunqu et adaptée d’une fable basée sur une expression idiomatique chinoise, Fan Qiu Zhu Ji, synonyme de réflexion chez l’individu qui fait son autocritique plutôt que d’accuser autrui. La première est prévue cette année.

« Une histoire simple peut me donner à penser », dit M. Hu, qui est né et a grandi à Hangzhou dans la province du Zhejiang. « Je pose des tas de questions dans mes pièces et j’espère que le public pourra trouver ses propres réponses ».

Hu Hanchi a donné sa première production théâtrale en 2014 alors qu’il faisait des études de metteur en scène à l’académie nationale des arts de théâtre chinois.

Il a consacré huit mois à la réécriture du scénario basé sur San Sheng (Trois vies), une histoire du Liaozhai Zhiyi, ou les contes étranges d’un studio chinois (Strange Tales From a Chinese Studio), une collection de récits surnaturels composés par Pu Songling pendant la dynastie Qing (1644-1911).

La représentation, intitulée The Wheel of Time (la roue du temps), conjugue l’opéra Kunqu, l’opéra de Pékin, la musique hip-hop et un orchestre composé de deux musiciens, Chen Yuxiao et He Zichen. Pour économiser de l’argent, Hu Hanchi a assuré la mise en scène et interprété les quatre rôles de la pièce – un jeune universitaire, un chien, un cheval et un serpent.

En 2016, la première de la pièce a été donnée dans la salle de l’académie nationale des arts de théâtre chinois puis présentée une dizaine de fois dans tout le pays, notamment en septembre 2017 au Star Theater pendant le Xiqu Opera Black Box Festival.

Le one-man show a valu à M. Hu une base d’admirateurs qui l’a encouragé à poursuivre l’expérience avec des membres de son équipe, baptisée Xu Ge, qu’il fonda en 2016.

Cette même année, alors que The Wheel of Time était jouée à Pékin, le père de Hu Hanchi, Hu Jianhua, était présent pour voir son fils se produire.

« C’était la première fois que je le voyais jouer », avoue Hu Jianhua. « Si la pièce contient une variété d’éléments, à la fois traditionnels et contemporains, dès les premières notes, je savais que c’était de l’opéra Kunqu. Ce qui m’a surpris le plus, c’est sa façon de chanter. Il n’a jamais vraiment appris l’opéra Kunqu ni l’opéra de Pékin mais son interprétation était formidable ».

Shen Bin, un metteur en scène chevronné de 72 ans chargé de la Shanghai Kunqu Opera Troupe, qui a monté son spectacle d’opéra Kunqu Shi Hou Ji, ou As A Lioness Roars (rugissement d’une lionne) au centre national des arts de la scène le 16 mars, offre le commentaire suivant : « Les opéras chinois traditionnels sont basés sur la culture chinoise traditionnelle. Il est enthousiasmant de voir de jeunes artistes présenter leur propre interprétation des opéras chinois traditionnels et avoir du succès auprès de publics jeunes. Cela contribue à un élargissement des publics et cela maintient les vieilles formes artistiques en vie ».

Le spectacle Shi Hou Ji, basé sur Gui Chi, une œuvre de Wang Tingne de la dynastie Ming (1368-1644), met en scène un mari dominé par sa femme et une épouse jalouse.

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