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Un instrument qui doit se faire entendre sur la scène mondiale

Par Chen Nan(China Daily) 27-05-2016

Guo Gan a plus de cordes à son archet que les deux de sa vièle chinoise, appelée erhu.

Ils ont tous les deux des cordes et tous les deux se jouent avec un archet, mais au-delà, l'erhu (« deux » en chinois – l'instrument n'a que deux cordes) et le violon semblent appartenir à des planètes différentes. Pour autant, le très chevronné joueur chinois d'erhu, Guo Gan, affirme qu'il n'y a aucune raison pour ne pas faire tout autant apprécier, par les publics du monde entier, l'un et l'autre instrument.

Âgé de 48 ans, Guo Gan, qui a commencé à jouer de l'erhu quand il avait quatre ans à Shenyang, dans la province du Liaoning au nord-est de la Chine, a sorti 40 albums en tant que soliste ou membre d'un orchestre dans toute une variété de genres musicaux, rock, jazz et musique classique compris. Il a également fait entendre les sons peu familiers de cet antique instrument chinois dans le cadre de près de 2 000 concerts de par le monde, travaillant avec des centaines de musiciens internationaux, notamment le violoniste de jazz français Didier Lockwood et le pianiste chinois Lang Lang.

Le 25 avril dernier, M. Guo, qui vit à Paris depuis plus de 15 ans, a été fait Chevalier des Arts et des Lettres par M. Maurice Gourdault-Montagne, l'ambassadeur de France en Chine. Cette distinction créée en 1957 a été accordée à d'autres artistes chinois, notamment l'actrice Zhang Ziyi et le réalisateur Feng Xiaogang. Elle récompense celles et ceux qui se sont distingués par leurs productions artistiques ou littéraires en France et au-delà.

Formé par son père Guo Junming (1940-2010), Guo Gan indique que l'apprentissage de l'erhu est une tradition dans sa famille. « Mon père me disait que l'instrument communiquait des sentiments humains, en particulier la tristesse et la solitude. Pour moi, il est mon lien avec mon père. Où que j'en joue, je suis en conversation avec lui ».

Guo Gan joue aussi du violon, du violoncelle et du piano. « Mon père ne m'a jamais destiné à être comme lui un joueur d'erhu. Il avait l'esprit très ouvert et il me soutenait dans mes choix ».

À l'époque où Gan terminait ses études au conservatoire de musique de Shenyang, ayant obtenu une licence de percussion en 1991, la musique pop et le rock commençaient à être très connus en Chine. Aussi, pendant la période de 1994 à 1999 où il enseigna l'erhu et la percussion au conservatoire de musique de Liaoning, il fonda ses propres orchestres de jazz et de rock.

« L'expérience que j'ai acquise dans la formation d'orchestres a élargi mes horizons musicaux et m'a amené à considérer l'erhu sous un autre angle. L'instrument peut se jouer différemment de la façon dont la génération de mon père le jouait ».

En 2000, Guo Gan est parti en France étudier la percussion à l'École nationale de musique de Fresnes près de Paris, où il fonda un autre orchestre de jazz, Dragon Jazz, qui remporta le deuxième prix d'un concours de musique européenne et chinoise en Belgique en décembre 2002. Mais malgré ces quelques succès, il avoue qu'arriva un moment où il aurait volontiers tourné le dos à l'erhu. « Avant de quitter Shenyang, je ne voulais même pas le prendre avec moi. Mais mon père a insisté pour que je l'emporte ».

Une fois en Europe, luttant comme beaucoup d'étudiants pour joindre les deux bouts, Gan commença à se produire dans des manifestations organisées dans les communautés chinoises de l'étranger.

La chance se présenta en 2002 lorsque le compositeur Gabriel Yared, lauréat d'un Oscar et d'un prix Grammy pour son œuvre relative au film Le patient anglais, l'invita à enregistrer de la musique pour L'idole, ce qui entraîna d'autres occasions de faire des enregistrements pour des films français. Sa dernière commande est venue de la société Dreamworks pour le film d'animation Kung Fu Panda. Guo Gan s'est par ailleurs produit comme soliste invité à la cérémonie d'ouverture du Festival de Cannes en 2002, et en 2005, le réalisateur chinois Zhang Yimou l'a convié à donner une série de concerts pour la promotion du film The House of Flying Daggers (« Le Secret des poignards volants ») en Europe.

« L'un des aspects les plus gratifiants d'être associé à un nouveau projet, c'est la rencontre de musiciens divers et la recherche de possibilités de collaboration », dit Gan. « Je suis heureux de voir que l'erhu, qui est rarement apprécié en Occident, peut être employé dans un si grand nombre de styles musicaux différents. Je suis persuadé que la meilleure façon de préserver l'héritage de mon père concernant l'erhu est d'en faire revivre le son et de l'adapter à différentes cultures. Je vis dans une culture différente de ma culture natale, ce qui m'ouvre à d'autres formes. J'accepte volontiers et je mesure les différences ».

Guo Gan, dont la femme – pianiste – et les deux enfants vivent avec lui à Paris, dit qu'il prévoit de se produire plus souvent en Chine et de travailler avec des musiciens chinois.

Un instrument qui doit se faire entendre sur la scène mondiale

Guo Gan fait entendre le son de l'erhu à la cérémonie où il a été fait Chevalier des Arts et des Lettres.
[Feng Yongbin/China Daily]

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