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Une influence européenne sur la peinture moderne chinoise

Par Lin Qi(China Daily) 29-04-2016

Une influence européenne sur la peinture moderne chinoise
Le « Nu à la fontaine » de Jean Souverbie présenté à Beijing. [Pour China Daily]

Une exposition itinérante et l'intérêt croissant des acheteurs pour l'art occidental ont permis de redécouvrir, en Chine, des artistes locaux et les maîtres français qui les ont inspirés.

Le mouvement moderniste a nourri plusieurs artistes chinois qui ont étudié et vécu en France au début du 20ème siècle, notamment Lin Fengmian et Xu Beihong. À leur retour, nombreux sont ceux qui ont pris la responsabilité de moderniser l'art et l'éducation artistique chinois, et leur influence se fait encore sentir.

Le Salon artistique français de printemps, une exposition organisée à Beijing par la salle de ventes Huachen Auctions et qui s'est terminée le mois dernier, a donné à voir des tableaux de cette période réalisés par de nombreux grands représentants de l'art moderne européen, notamment des œuvres d'Émile Othon Friesz, un fauviste, et de Rémy Hétreau.

« Les Chinois sont de plus en plus nombreux à visiter les musées et les galeries d'art tels que le Louvre et le Centre Pompidou », commente Liu Ying, directeur de la section d'art moderne et contemporain chinois chez Huachen Auctions.

Depuis que les maisons de vente aux enchères internationales que sont Christie's et Sotheby's ont fait leur entrée sur le marché de la Chine continentale, elles ont organisé des ventes et des expositions d'art occidental qui ont contribué à alimenter l'intérêt des Chinois pour ce genre artistique, indique M. Liu. Il précise que si quelques riches collectionneurs connus tels que Liu Yiqian et Wang Zhongjun dépensent depuis longtemps beaucoup d'argent dans l'acquisition d'art occidental, c'est une tendance nouvelle chez la lupart des acheteurs.

En organisant l'exposition de Beijing, Huachen Auctions avait voulu déterminer quels types d'œuvres attireraient les acheteurs, selon M. Liu.

Philippe Cinquini, un commissaire français de Shanghai qui collabore à des programmes d'échanges artistiques, avait été invité à faire un exposé sur les œuvres présentées. Il estime que le public chinois doit se libérer de la notion selon laquelle il n'aurait pas la connaissance classique adéquate pour apprécier l'art occidental.

M. Cinquini était le commissaire de l'exposition « Un maître et ses maîtres » qui juxtaposait les tableaux de Xu Beihong et de ses professeurs à l'École nationale des beaux-arts en 2014. L'exposition a tourné dans les villes de Beijing, Shanghai et Zhenzhou dans la province du Henan, attirant un large public. M. Cinquini constata les rapports que les visiteurs chinois eurent l'intelligence de faire entre l'art oriental et l'art occidental en analysant des tableaux de Xu qui leur étaient familiers.

Le Salon artistique français de printemps faisait ressortir les mêmes liens intimes qui révèlent l'évolution de l'art chinois et de l'art européen. Un cas d'école en est offert par Jean Souverbie, dont le disciple chinois à Paris, Wu Guanzhong, a dit dans un mémoire que son maître était un professeur très respecté qui avait façonné les valeurs qui avaient inspiré sa création artistique et sa vie. L'un des deux tableaux de Souverbie présentés à Beijing était le « Nu à la fontaine ». M. Cinquini indique que selon le mémoire de Wu, Souverbie aurait dit un jour dans un cours de dessin que dans tout modèle nu, il percevait la cathédrale Notre-Dame.

Dans ses jeunes années, Wu a peint de nombreux nus, mais aucun n'a survécu. Celui de Souverbie peut donc servir de « miroir » à travers lequel les gens sont en mesure de se faire une idée du style des anciennes œuvres de Wu.

Présenté dans la même exposition, un tableau d'André Maire révélait la maturité de son interprétation des motifs asiatiques au début du 20ème siècle. Pour M. Cinquini, le style pictural de Maire a influencé l'artiste chinois Lin Fengmian.

Les courbes délicates et la palette simple des toiles de ce dernier confèrent une élégance orientale à ses huiles. Lin, qui pendant des décennies n'a pas rencontré la notoriété de Xu auprès des collectionneurs de la Chine continentale, est devenu très prisé sur le marché ces dernières années.

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