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Pour un commerce juste et réactif

Par Zhong Nan et Ren Xiaojin(China Daily) 28-09-2018

Pour un commerce juste et réactif

Un employé au travail sur la chaîne d’assemblage final de la famille de l’A320, à l’usine Airbus de Tianjin. Le groupe aéronautique livre environ un quart de ses avions sur le marché chinois chaque année. [Tian He/for China Daily]

La Chine est à la pointe des efforts visant à réorienter l’Organisation mondiale du commerce au milieu d’une marée montante de protectionnisme inéquitable.

Sous la conduite du Président Donald Trump, l’administration américaine a beau affectionner les tarifs douaniers et les mesures protectionnistes, le degré d’anachronisme d’une telle démarche à l’époque de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) se fait criant à Port Elizabeth.

Dans les faubourgs du pôle portuaire de l’Afrique du Sud, les machines des installations manufacturières en pleine activité font entendre un puissant bourdonnement aussi évocateur que les produits qu’elles créent : toutes sortes de camions, de voitures et autres véhicules commerciaux fabriqués sur mesure.

Ici, les fabricants automobiles tels que les chinois FAW Group Co et Beijing Automotive Industry Corp ou BAIC produisent des véhicules à l’aide de robots industriels japonais et allemands qui assemblent les différentes pièces et les peignent au pistolet.

Les produits finis sont chargés sur un navire de transport de véhicules d’une société française pour être acheminés au port de Djibouti, à destination de clients qui comprennent la compagnie Ethiopian Airlines et le ministère du Développement national de l’Érythrée. De nombreux véhicules sont également expédiés à des clients dans tout le reste du monde.

On conçoit que si l’expédition de ces produits est perturbée ou retardée pour une quelconque raison, il s’ensuivra une pagaille monstre dans tout l’univers mondialisé.

Port Elizabeth offre deux leçons indubitables : la première, c’est que nous sommes dans un monde où l’économie prime et où il est essentiel que les échanges internationaux fonctionnent sans secousse et dans le cadre de règles ; la seconde, c’est la probabilité que toute perturbation des échanges entraînera des conséquences potentiellement catastrophiques.

Les observateurs de l’activité industrielle estiment que ces leçons ne devraient pas échapper à l’administration Trump, dont les tarifs imposés unilatéralement ont semé le chaos dans le système du commerce mondial. Selon eux, de tels tarifs faits pour nuire à de nombreuses économies telles que celles de la Chine, de la Russie, de la Turquie, du Mexique et de l’Union européenne soulignent aussi l’urgente nécessité de règles universelles fermes pour encadrer le commerce mondial.

Si la Chine a rejoint l’OMC en 2001, elle a depuis partagé avec le reste du monde son savoir-faire manufacturier, procédé à l’échange de technologies et d’investissements tout en ouvrant l’accès à ses marchés. Ce faisant, elle est devenue un acteur indispensable du commerce mondial, contribuant à la stabilité du système.

Mais la coopération internationale, qui a pris des décennies pour se concrétiser, est aujourd’hui menacée par la montée du protectionnisme et de l’unilatéralisme tels qu’adoptés par les États-Unis au cours des derniers mois, font savoir les experts. Pour eux, cette menace s’accompagne de risques induits tels qu’un sévère déclin économique, des pertes d’emplois et un ralentissement de la croissance dans tous les pays qui pourraient toucher le plus durement les pauvres de la planète.

Le dernier rapport de l’OMC indique que d’octobre 2017 à mai 2018, les mesures de restriction commerciale prises dans le monde entier, y compris l’imposition de tarifs et une règlementation douanière plus stricte, ont augmenté et porté sur un volume total d’échanges de 84,5 milliards de dollars (72,6 milliards d’euros).

Roberto Azevedo, directeur général de l’OMC, estime que l’augmentation des restrictions commerciales pourrait à l’avenir devenir une nouvelle norme du commerce international, ce qui, selon lui, menacerait la reprise économique mondiale et nuirait à la croissance ainsi qu’à la création d’emplois.

Pour Mei Xinyu, un chercheur à l’académie chinoise du commerce international et de la coopération économique basée à Pékin, cette évolution défavorable aura pour effet que pour de nombreux pays en développement ou moins développés, il sera plus difficile d’imiter le modèle chinois de croissance tirée par les exportations pour dynamiser leur propre développement.

Wang Shouwen, vice-ministre chinois du Commerce, a indiqué que son pays continuerait de soutenir la réforme de l’OMC, et dit son espoir qu’une telle réforme prendra en compte les inquiétudes et reflétera les besoins de la plupart des pays membres.

« La Chine espère que l’objectif premier de l’OMC ne changera pas et que son principe fondamental ne sera pas remis en cause dans le cadre d’une réforme progressive », a déclaré M. Wang.

Pour le ministère, il convient que la réforme de l’OMC renforce l’autorité et la position dominante de l’organisation, en consolidant les fonctions et le rôle élémentaires du principe de libre-échange et du système commercial multilatéral en vue de mieux promouvoir le libre-échange à l’échelle de la planète et la mondialisation économique.

Aucun membre de l’OMC n’a souffert économiquement de la participation de la Chine depuis 2001. Au contraire, tous les partenaires commerciaux de celle-ci, à diverses étapes de leur développement, en ont largement profité, selon le chercheur Mei Xinyu.

C’est ainsi que les exportations américaines vers la Chine ont bondi, passant de 26 milliards de dollars en 2001 à près de 150 milliards en 2017. La Chine est ainsi devenue le troisième marché des exportations américaines alors qu’elle n’en était que le onzième en 2001, selon les données du ministère du Commerce.

Les chefs d’entreprise étrangers sont un certain nombre à convenir que la Chine, premier marché mondial de la consommation, offre d’énormes potentialités aux partenaires commerciaux internationaux dans le cadre de l’OMC.

George Xu, PDG de la division chinoise du fabricant aéronautique européen Airbus, voit un très fort potentiel de croissance dans le marché de l’aviation civile chinois au cours de la prochaine décennie. « Ces dernières années, le tourisme hors des frontières a connu une croissance rapide, mais seuls 10% des Chinois détiennent un passeport. Si ce chiffre passe à 20 ou 30%, ce sera un énorme marché dont on peut prédire qu’il connaîtra une croissance soutenue ».

La Chine est le premier marché d’Airbus, qui a enregistré dans le pays son plus fort taux de croissance. Le groupe aéronautique y livre environ un quart de ses avions chaque année.

Au milieu des inquiétudes croissantes que suscitent l’isolationnisme et le protectionnisme, le géant chimique allemand BASF a annoncé en juin qu’il allait investir 10 milliards de dollars dans la réalisation d’un site de production chimique dans la province du Guangdong en Chine méridionale. Il s’agirait du plus gros investissement jamais réalisé par BASF, dont le montant estimé atteindrait le chiffre annoncé de 10 milliards à l’achèvement du projet à l’horizon 2030.

À cette échéance, le régime de l’OMC aura été renforcé à la suite des efforts menés par la Chine, et Guangdong de même que de nombreuses autres villes dans le monde entier devraient être capables d’imiter Port Elizabeth pour apparaître, selon les experts, comme les parfaits exemples d’un système de commerce mondial efficace, juste et équitable.

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