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Pour la Chine, un nouveau grand pas dans l’espace

Par Zhao Lei(China Daily) 23-02-2018

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Pour la Chine, un nouveau grand pas dans l’espace

Le pays se lance dans son plus ambitieux projet spatial à ce jour – une station habitée qui servira de base pour mener des expériences et aller plus loin dans l’exploration.

Dans la plupart des quartiers périphériques de Pékin, l’expression « comme une fusée » est généralement employée pour décrire la montée en flèche des prix de l’immobilier consécutifs à l’urbanisation galopante de la Chine et au marché florissant du secteur. Mais pour 16 des occupants d’une enceinte discrète dans la banlieue nord-ouest de la ville, elle est presque toujours utilisée dans son sens littéral.

Il s’agit des seuls astronautes qualifiés en activité sur une population de 1,3 milliard d’habitants. Ils s’entraînent actuellement en vue de l’une des entreprises les plus spectaculaires des dix prochaines années : la réalisation et l’exploitation de la première station spatiale chinoise. Conçue pour durer au moins 10 ans, la station, dont la construction démarrera en 2020, entrera en service deux années plus tard. Chacun des groupes d’astronautes qui seront constitués l’occupera pour une mission de trois à six mois à la fois.

« Les séjours dans la station spatiale dureront beaucoup plus longtemps que les précédentes missions », a indiqué Fei Junlong, qui a été envoyé dans l’espace à bord de Shenzhou VI en 2005.

« Les systèmes de la station seront beaucoup plus perfectionnés et sophistiqués que ceux des séries d’engins spatiaux Shenzhou et des laboratoires spatiaux Tiangong ; aussi les astronautes devront-ils avoir des connaissances, des aptitudes et des compétences beaucoup plus poussées. En tant qu’astronautes, nous devons continuer d’améliorer nos capacités et d’apprendre à faire marcher et entretenir le matériel qui sera utilisé à bord de la station spatiale ».

Fei Junlong s’exprimait ainsi devant la presse dans le cadre d’une manifestation portes ouvertes organisée au centre d’entraînement des astronautes chinois, dans le secteur nord-ouest de Pékin, à l’occasion du 20ème anniversaire de la fondation du groupe d’astronautes de l’Armée populaire de libération (APL).

Nie Haisheng, son partenaire de la mission Shenzhou VI, a expliqué que les astronautes chinois bénéficiaient aujourd’hui d’une plus large gamme de méthodes d’entraînement conçues pour les familiariser avec le matériel sophistiqué qui équipera la station spatiale.

Le plan d’action prévoit l’utilisation d’une fusée lourde Long March 5B, actuellement en cours de mise au point, pour la mise en orbite en 2020 du module central de la station. Interviendront ensuite au moins quatre missions habitées pour emmener dans l’espace les astronautes chargés de l’assemblage de la station. Comme lors des précédentes missions spatiales, le gouvernement n’a communiqué aucun chiffre concernant le coût du projet.

Si l’exploitation de la station spatiale internationale pilotée par les États-Unis cesse comme prévu en 2024, le nouvel appareillage chinois, qui n’a pas encore de nom, deviendra la seule station spatiale permanente.

Bien que la Chine ait formé 21 astronautes sur deux générations, seuls 11 d’entre eux ont pris part aux six missions spatiales habitées du pays. Le troisième groupe de stagiaires sera choisi cette année.

Les candidats à la mission de la station spatiale seront sélectionnés en fonction de leurs résultats à l’entraînement et de leur évaluation par des spécialistes. Personne ne sait donc encore qui sera le premier ou la première à monter à bord de la station.

« Nous avons de la chance d’être dans cette formidable ère nouvelle », a déclaré Liu Boming, qui a participé à la mission Shenzhou VII en 2008. « Il nous faut courir contre la montre pour préparer les prochaines missions vers la station spatiale ».

En 1992, le Comité central du Parti communiste chinois a approuvé les projets relatifs au programme spatial habité du pays tels qu’ils avaient été établis par plusieurs scientifiques de haut rang. Trois années plus tard, la Commission militaire centrale décida que les astronautes seraient choisis parmi les pilotes chevronnés de l’armée de l’air au sein de l’APL, ceux qui totalisent au moins 600 heures de vol aux commandes d’avions de chasse ou d’attaque.

Plus de 1 500 pilotes se sont portés candidats et après plusieurs batteries de tests sévères, leur nombre a été réduit à 14. Les heureux élus sont devenus en janvier 1998 les membres fondateurs du groupe d’astronautes de l’APL et en 2010, ils ont été rejoints par sept nouveaux astronautes qui étaient aussi des pilotes de l’armée de l’air expérimentés.

Le 15 octobre 2003, la Chine a effectué sa première mission spatiale habitée, avec l’envoi de Yang Liwei pour 21 heures de révolutions en orbite autour de la Terre à bord de Shenzhou V. Au cours de son expédition de 600 000 kilomètres, à 343 km au-dessus de la planète, Yang Liwei, alors âgé de 38 ans, a déployé simultanément le drapeau de la Chine et celui des Nations unies sous le regard de centaines de millions de téléspectateurs chinois assistant à son exploit, et il a transmis le message suivant en chinois et en anglais : « Faites de l’espace cosmique un usage pacifique pour le bien de l’humanité tout entière ».

Aujourd’hui général de division portant le titre honorifique de « Héros de l’espace », M. Yang est directeur adjoint de l’agence chinoise des missions spatiales habitées. Au cours des 14 années qui ont suivi son voyage historique, la Chine est passée du rang d’un acteur de second plan à celui d’une grande puissance dans la course mondiale à l’espace.

En 2003, le pays n’avait mené que sept missions spatiales, alors que la Russie en avait entrepris 21 et les États-Unis 23. Cette année, la Chine procédera à 40 missions habitées au minimum, dans le cadre d’un programme ambitieux qui dépassera vraisemblablement en nombre celui des États-Unis comme de la Russie.

Par ailleurs, depuis 2003, les six vols spatiaux habités lancés par la Chine se chiffrent à 68 jours et 1 089 révolutions en orbite autour de la Terre, tandis que les astronautes chinois ont parcouru plus de 46 millions de kilomètres dans l’espace et effectué plus de 100 expériences.

Ils ont également accompli des activités extravéhiculaires, mené plusieurs missions prolongées à l’intérieur des laboratoires spatiaux Tiangong I et II, et fait depuis l’espace un exposé de 40 minutes qui a été suivi par plus de 60 millions d’élèves dans environ 80 000 écoles du pays.

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