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Clonage de singes pour la recherche pharmaceutique

Par Zhang Zhihao(China Daily) 23-02-2018

Clonage de singes pour la recherche pharmaceutique

L’heure du biberon le 22 janvier pour les deux singes clonés, Zhong Zhong et Hua Hua, dans l’unité de recherche sur les primates non humains à l’institut de neuroscience de l’académie chinoise des sciences à Suzhou, dans la province du Jiangsu. [Jin Liwang/Xinhua]

La Chine a cloné deux singes selon la même méthode que celle utilisée pour la création de la brebis Dolly en Écosse, ce qui ouvre la voie à des essais sur animaux plus précis et moins coûteux en vue de nouveaux médicaments, ont fait savoir les scientifiques le 25 janvier.

Les primates Zhong Zhong et Hua Hua ont été créés par transfert nucléaire de cellules somatiques, qui sont les cellules non reproductives d’un organisme, à l’institut de neuroscience de l’académie chinoise des sciences.

Nés tous les deux à la fin de l’an dernier, ils sont nourris au biberon et grandissent normalement. Le transfert nucléaire de cellules somatiques est la technique qu’ont utilisée les scientifiques en 1996 pour créer Dolly en Écosse. À la suite de la naissance de la brebis, les chercheurs ont procédé à des clonages sur 23 espèces de mammifères, dont des animaux d’élevage, des chats, des daims, des chiens, des chevaux, des mules, des bœufs, des lapins et des rats, selon un article publié dans Cell, une revue scientifique internationale.

« Le clonage de singes à l’aide de cellules somatiques est un défi d’ordre mondial parce qu’il s’agit de primates qui partagent leur composition génétique – dans toute sa complexité, par conséquent – avec les humains », explique Pu Muming, directeur de l’institut de neuroscience à Shanghai.

« Pour les essais pharmaceutiques et autres expériences en laboratoire, les scientifiques sont obligés d’acheter des singes dans le monde entier, ce qui est coûteux, néfaste pour l’environnement et dont les résultats sont imprécis car les gènes peuvent être différents d’un singe à un autre »,

fait-il observer. « En clonant des singes à l’aide de cellules somatiques, nous pouvons développer une progéniture génétiquement identique en grand nombre dans de brefs délais, voire changer ses gènes pour répondre à nos besoins, ce qui peut faire gagner du temps, réduire les coûts des expériences et produire des résultats plus précis aboutissant à une médecine plus efficace ».

Selon Sun Qiang, directeur de l’unité de recherche sur les primates non humains à l’institut, la plupart des essais médicamenteux se font aujourd’hui sur des souris de laboratoire. Cependant, les médicaments qui sont efficaces sur des souris peuvent ne pas marcher ou même avoir de graves effets secondaires sur des humains car les deux espèces sont très différentes.

« Les singes et les humains sont tous les deux des primates, donc beaucoup plus proches ce qui fait que l’expérimentation sur des singes est censée être aussi efficace que les essais sur des humains », fait valoir M. Sun. D’où une utilité particulière dans les essais de médicaments contre les maladies neuronales telles que la maladie de Parkinson, les troubles du métabolisme ou du système immunitaire et les tumeurs, précise-t-il en estimant que « ce progrès contribuera à placer la Chine à la tête de la recherche mondiale sur les projets scientifiques internationaux liés à la cartographie neuronale des cerveaux de primates ».

M. Sun concède toutefois qu’il existe aussi des laboratoires biologiques aux États-Unis, au Japon et dans les pays européens qui ont la capacité de rapidement rattraper la Chine une fois que la technologie de clonage de singes sera rendue publique. Jusqu’à présent, le taux de réussite dans la mise au point d’un embryon cloné sain est extrêmement faible. « Ce qui signifie qu’il nous faut continuellement innover et travailler encore plus dur cette année pour rester en tête », conclut-il.

Pour les détracteurs cependant, la technologie utilisée pour le clonage des singes ouvre la porte à la duplication des humains. Si l’obstacle technique au clonage des humains a effectivement été surmonté, « la raison pour laquelle nous franchissons cette barrière, c’est de produire des modèles animaux qui sont utiles à la recherche médicale et à la santé humaine », affirme M. Pu, de l’institut. « Il n’y a de notre part aucune intention d’appliquer cette méthode aux humains ».

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