US EUROPE AFRICA ASIA

L’économie chinoise maintient le cap

Par Andrew Moody(China Daily) 26-01-2018

L’économie chinoise maintient le cap

Un technicien chinois examinant l’état de marche de trains à Llavallol (Buenos Aires) en juin 2017. [Martin Zabala/Xinhua]

La Chine devrait continuer de connaître une croissance régulière cette année et elle est bien partie pour produire « une société modérément aisée » d’ici à 2020, estiment les experts. L’économie devrait afficher une progression de 6,4% sur l’année, selon une prévision émise par la Banque mondiale le 19 décembre.

La croissance chinoise en glissement annuel a atteint 6,9% en 2017 par rapport aux 6,7% de 2016 et enregistré sa première reprise à la hausse depuis 2011, a indiqué le bureau national de la statistique le 18 janvier. L’économie du pays s’est révélée stable et en progression, affichant des résultats meilleurs que prévu, a déclaré Ning Jizhe, le directeur du bureau.

La principale préoccupation en 2018 concerne la réaction de l’économie mondiale au resserrement de la politique monétaire aux États-Unis où l’on s’attend à ce que la Réserve fédérale relève les taux d’intérêt trois, voire quatre fois au cours de l’année.

Pour la Chine, il importe de réaliser l’objectif fixé pour 2020 de doubler les chiffres 2010 du PIB et du revenu par habitant, puisqu’il interviendrait à temps pour le centième anniversaire de la fondation du Parti communiste chinois en 2021.

Cette année sera la première qui verra la politique économique inspirée par la Pensée de Xi Jinping sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère. L’idée générale est de mettre l’accent sur le pilotage de l’économie exercé par le Parti, aussi bien que sur le rôle du marché dans la répartition des ressources et le développement économique qui profitent à la population dans son ensemble, en plus de la réforme structurelle de l’offre.

Les objectifs de l’action politique ont été établis lors de la Conférence de travail centrale sur l’économie qui s’est tenue en décembre à Pékin.

Dans son allocution du Nouvel An, le Président Xi a réaffirmé l’engagement solennel qu’il a pris d’extraire de la pauvreté, définie selon les normes actuelles, l’ensemble des populations rurales démunies du pays avant 2020. « Ce sera la première fois, depuis les milliers d’années que compte l’histoire de la Chine, que la pauvreté extrême aura été éliminée », a fait remarquer M. Xi.

Louis Kuijs, directeur de la branche Asie d’Oxford Economics basé à Hong Kong, prévoit que l’objectif de croissance s’établira en mars autour de 6,5%, mais il voit des avantages à l’abaisser. « Si l’on visait 6,3%, voire 6,2%, on s’enlèverait un peu de pression, ce qui à mon avis serait une bonne chose ».

Il estime que la politique menée cette année s’inspirera du rapport présenté par M. Xi Jinping lors du 19ème Congrès national du Parti communiste chinois en octobre dernier, ainsi que de la nouvelle ère que le président a épousée. « Nous entrons dans une ère nouvelle et les gens ont des attentes grandissantes ; il faudra donc mettre l’accent sur les progrès à faire pour assurer une meilleure éducation et une meilleure couverture médicale. Pour que l’économie assume de telles dépenses budgétaires, il faudra aussi s’intéresser de près à l’innovation, notamment avec la stratégie Made in China 2025, et tirer la production économique vers le haut ».

Stephen Roach, maître de recherche au Jackson Institute for Global Affairs de l’université Yale, prévoit que le gouvernement chinois situera l’objectif de croissance entre 6 et 6,5% et qu’il sera sur la bonne voie pour réaliser son ambition centrale de doubler à l’horizon 2020 les chiffres 2010 du PIB et du revenu par habitant.

Toutefois, il est persuadé que le principal défi reste la réforme des entreprises publiques. « C’est l’un des aspects de la politique de réforme en Chine qui me préoccupe le plus. Je ne pense pas que la voie de l’économie mixte (où la Chine pilote les investissements du secteur privé dans certaines entreprises publiques) soit la bonne solution. Ceci relève de l’ingénierie financière alors que le véritable problème est essentiellement celui de l’efficacité opérationnelle ».

Pour M. Roach, auteur du livre Unbalanced: The Codependency of America and China (déséquilibre : la co-dépendance de l’Amérique et de la Chine), le principal risque pour l’économie mondiale cette année est posé par l’économie des États-Unis, les marchés d’actions pouvant mal réagir aux relèvements des taux d’intérêt auxquels devrait procéder la Réserve fédérale.

Zhu Ning, titulaire de la chaire Oceanwide et professeur d’études financières à l’université Tsinghua, par ailleurs auteur du livre China’s Guaranteed Bubble (la bulle chinoise garantie), pense que la croissance plus forte que prévu l’an dernier a été soutenue par le boum du marché immobilier en 2016, qui a vu les prix grimper de plus de 20% à Shanghai, à Pékin et dans d’autres grandes villes.

« Cela a provoqué un effet de richesse, et c’est pourquoi je m’attends à une redescente progressive de la croissance en 2018 ».

M. Zhu prévoit que l’objectif du gouvernement tournera autour de 6,5%, mais il pense que l’économie comporte encore des risques financiers, et notamment le risque de voir des bulles éclater, en particulier dans le secteur immobilier.

Michael Power, stratège auprès de l’agence Investec Asset Management basée à Cape Town en Afrique du Sud, voit la Chine capable de réaliser un taux de croissance moyen de 6% jusqu’en 2030, ce qui la mettrait sur les rails pour devenir la première économie mondiale. « C’est une possibilité réelle. Je prévois un taux plus élevé à court terme et plus bas à long terme », dit-il.

M. Power est d’avis que la vigueur de l’économie chinoise demeure importante pour les matières premières dont dépendent encore de nombreuses économies africaines, et il prévoit une poursuite de leur reprise en 2018. Pour lui, au moment où la Chine entre dans une nouvelle ère, elle est vue comme un modèle de développement par nombre de pays africains.

Le risque lié à l’endettement va vraisemblablement demeurer une question importante cette année. Un rapport du Fonds monétaire international publié en décembre, qui saluait la promesse du Président Xi de s’y attaquer, signalait que la croissance du crédit avait dépassé celle du PIB et se situait maintenant à 25% au-dessus de la tendance à long terme. Il mettait également en évidence le fait que la dette des entreprises représentait désormais 165% du PIB et que celle des ménages avait augmenté de façon sensible, en grande partie du fait de la spéculation sur le marché immobilier.

À Yale cependant, M. Roach souligne qu’il est peu probable que cette situation débouche sur une crise de l’endettement. « Le gouvernement peut maîtriser cela. La Chine a un taux d’épargne extraordinaire. Le niveau des réserves de devises étrangères y est très élevé et le pays n’a pas besoin de recourir aux capitaux flottants internationaux à court terme pour soutenir son économie, ce qui était le problème de la crise financière asiatique de la fin des années 1990 ».

Cette année est importante pour la Chine, car elle marque le 40ème anniversaire du lancement de la politique de réforme et d’ouverture intervenu en 1978. L’ouverture au monde extérieur est vue dans les milieux proches de la Chine comme l’un des événements qui feront date dans l’histoire mondiale, permettant à terme d’arracher 700 millions de personnes à la pauvreté.

PDF

 
Ce site est produit par le China Daily de la République populaire de Chine.